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Les attentats terroristes qui ont endeuillé l'Inde auraient pu rappeler aux Français une réalité qu'on leur cache. La menace islamo-terroriste, si elle prend parfois prétexte de la situation du Proche-Orient, si elle tire occasionnellement parti de tel ou tel problème local, représente une menace globale pour l'ensemble des pays civilisés.
Dans les mois à venir une offensive d'envergure menace l'Europe elle-même [cf. Commentaires] et on le dissimule au grand public. Consommation touristique estivale oblige.
En cherchant dans l'Histoire on trouverait maints exemples de conjonctures extrêmement tendues ayant opposé l'Europe au monde de l'islam. De la chute de Constantinople (1453) au siège de Vienne (1683) cette pression a pu s'identifier à la menace expansionniste séculaire de l'Empire ottoman. De manière tout à fait compréhensible les peuples du sud-est européen assimilent ainsi le musulman au Turc. Les Français opèrent d'ailleurs souvent une confusion semblable, identifiant allégrement la religion de Mahomet aux différents peuples du Maghreb l'ayant embrassée plus ou moins de force. Certains voudraient assimiler les problèmes des banlieues à la question du Kossovo, réduisant même celle-ci à ceux-là etc.
Essayons donc, ici, de ne pas tout mélanger.
S'agissant de l'Inde, la foisonnante complexité du pays permet de camoufler à bon compte un autre aspect, pourtant indiscutable. La plus grande démocratie du monde doit en effet déjouer l'action, persistante depuis des années, des services spéciaux pakistanais. Ceux-ci développent depuis 1989 un conflit armé au Cachemire-Jammu. Avant 2001, n'importe quel internaute pouvait accéder sans difficultés aux sites de la propagande islamo-terroriste. On constatait aisément alors que la priorité allait au Cachemire et à la Tchétchénie, ainsi qu'au soutien au régime des talibans de Kaboul : les questions vaguement sociales, les revendications économiques, ne jouaient aucun rôle.
Or, certains sociologues très superficiels, actuellement en vogue aux Etats-Unis, voudraient culpabiliser l'Europe, et en même temps faire couper les crédits du Renseignement américain à la faveur d'une victoire de Barack Obama. Deux livraisons successives du très emblématique Foreign affairs (1) ont permis de confronter les deux thèses respectives, celle du criminologue sérieux Bruce Hoffman et celle du soi-disant non-conformiste Marc Sageman.
Inutile de souligner que la gauche américaine et l'intelligentsia parisienne penchent évidemment pour ce qui leur permettrait de régler certains comptes avec les responsables de la sécurité du monde occidental.
Livrons ici la thèse psychosociologique, telle que résumée par le New York Times : "La situation en Europe est pire qu'aux Etats-Unis. Sur la terre du melting-pot, une vision plus ouverte sape la théorie djihadiste d'une guerre du gouvernement américain contre les citoyens musulmans. En Europe, les enfants d'immigrés musulmans sont victimes de discriminations, d'où les taux de chômage très élevés. Et beaucoup d'Européens non musulmans sont mécontents d'être en concurrence avec des immigrés musulmans pour des emplois non qualifiés, en même temps qu'ils craignent que la présence d'immigrés pauvres dans les banlieues n'entraîne un accroissement de la criminalité."
Faut-il vraiment rappeler qu'aucun profil connu des protagonistes des attentats de 2001 aux Etats-Unis ou de 2004-2005 en Grande Bretagne ne confirme cette théorie bien connue en criminologie ?
Doit-on souligner par ailleurs que la thèse socialisante de la "nébuleuse terroriste issue de la misère occidentale" ou de "l'injustice proche-orientale" cherche à pousser ses arguments à partir des modes d'organisation encore mal connus d'al-Qaïda, du fait que le véritable rôle personnel d'Oussama bin-Laden fait controverse au sein de la communauté du Renseignement, etc. ?
Ne voit-on pas clairement où mènent toutes ces théories fumeuses et misérabilistes, c'est-à-dire à désarmer l'occident face à une des plus graves poussées de danger djihadiste de l'Histoire, comparable en Europe à celles qui ont submergé diverses nations dans le passé. Les drames quotidiens de l'immigration illégale soulignent la gravité de l'heure. Et leur exploitation renforce le péril.
En Inde, en effet, les terroristes agissent au nom des moudjahiddines de l'intérieur. Et qu'on ne vienne pas contester les signatures. Quand on expédie un manifeste de 14 pages par internet revendiquant les attentats quelques minutes à peine avant l'explosion des bombes, l'origine ne saurait en être contestée.
Alors que l'Inde abrite la plus grande communauté musulmane du monde, son voisin pakistanais cherche à mobiliser celle-ci contre le pays qui l'héberge. Voilà qui pourrait suggérer certaines précautions aux responsables européens.
Au sein du sous-continent les centres religieux les plus fanatiques rivalisent des deux côtés de la frontière. L'université coranique de Déoband, propagatrice du wahhabisme, se situe bien dans le nord de l'Union indienne. On pourrait risquer un parallèle entre cette situation et celles de l'islamisme en France et en Algérie, en Europe et en Turquie, etc.
Dans la nouvelle édition de son livre "la France en danger d'islam" (2), l'orientaliste René Marchand conclut à juste titre sur les difficultés d'agir de politiciens et de technocrates formatés au moule de l'ignorance de la réalité de l'islam (2), et qui se trouvent ainsi dans l'incapacité de penser un véritable statut de celui-ci dans notre pays.
JG Malliarakis
Notes
- Foreign Affairs mi-juin, puis juillet août 2008 Voir aussi The New York Times du 8 juin 2008
- Livres de références
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût…… pour les Éditions du Trident et pour le lien de leur page sur l'islamisme
Cher JGM, vous écrivez :
" Dans les mois à venir une offensive d'envergure menace l'Europe elle-même et on le dissimule au grand public. "
Au risque de paraître insuffisamment ou mal informé, puis je poser la question suivante : Pouvez vous en dire plus ?
Rédigé par : Sparte | mardi 29 juil 2008 à 00:19
Petite Réponse à la question de Sparte
Les menaces terroristes sur la France et l'Europe n'ont jamais cessé depuis 2001.
En ce moment les divers services ont eu vent d'un projet proche et "lourd" d'al-Qaïda (dont les "sociologues" veulent nier jusqu'à l'existence) visant probablement "les aéroports d'où décollent les vols transatlantiques. Shannon, en Irlande, et Düsseldorf, en Allemagne, auraient déjà été identifiés en tant que cibles majeures. Il est possible que de jeunes recrues d'Al-Qaida, essentiellement des Turcs formés par Abou Hanifa, responsable de l'entraînement pour le réseau d'Oussama Ben Laden, soient utilisés comme "missiles humains" sur des vols américains. Il est difficile d'obtenir plus de détails. Il faut cependant clairement envisager que, comme auparavant à Hambourg [où s'étaient regroupés les principaux responsables du 11 septembre], une cellule ultrasecrète d'Al-Qaida est actuellement occupée à planifier un nouvel attentat de grande envergure." [cf. Saleem Shehzad "The Friday Times"]
Rédigé par : JG Malliarakis | mardi 29 juil 2008 à 03:41