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Dans ma chronique datée du 5 mai, je me suis certainement mal exprimé.
Voici en effet le commentaire significatif d'un correspondant
Citation : -" ...Le 30 mai le défilé sans précédent de la droite sur les Champs Élysées avait déjà sonné le glas de l'impression donnée par les manifs agitant les drapeaux rouges et noirs de l'insurrection… "
Mais non, pas du tout : le défilé de la "droite" aux Champs Élysées n'a sonné le glas de rien du tout…
Il a simplement mis une "temporisation", bien fugitive, en ne mettant fin qu'à la première phase de la révolution en marche…
Ensuite, très rapidement, tout a continué comme ça avait commencé : avec la participation active, l'acharnement méthodique de tant et tant d'individus, de groupements, d'agents plus ou moins organisés, de loges, de factions, de groupes de pressions, de ce qu'on n’appelait pas encore les "lobbies" mais qui, pourtant, étaient déjà bien là, et fort virulents…
Et surtout, dans tous les champs réputés "de droite" : la plus haute bourgeoisie industrielle et financière, la magistrature, la haute administration, toutes les élites intellectuelles universitaires, artistiques, médiatiques, médicales etc. etc. …
Tant et tant de ces "élites" supposées être les piliers, les défenseurs, de "l'ordre établi", en fait presque tous ligués à sa perte… Toutes ces élites qui, au cœur même du pouvoir, n'ont eu de cesse de mettre à bas la "France de papa" comme disait Pompidou avec dégoût …
Mai 1968 a été le "coup de démarreur" des grandes manœuvres qu'ils attendaient tous avec impatience.
Rongeant leur frein, enragés de cupidité, obsédés par le désir de faire tomber les frontières traditionnelles de la patrie, de l'Etat, de la Nation… Tous héritiers de la mythologie révolutionnaire et des délires des "lumières"… Rêvant eux aussi de "faire tomber des têtes" comme l'avaient fait leurs ancêtres…
Tous les Pompidou, Giscard, Balladur, Veil, Chirac…
Est-ce qu'on peut continuer à faire comme si on ne savait pas que Mai 1968 a surtout été le tremplin de cette génération politique soi-disant "de Droite" qui a tout fait depuis 40 ans pour réaliser tous les fantasmes subversifs des pires maniaques du gauchisme "Lacano-Sartro-Deleusien" ?..
( …) On n'en finirait pas de réciter la litanie des politiques soi-disant de "droite" qui nous ont mené là où nous en sommes : (…) Une assemblée nationale qui n'est qu'une chambre d'enregistrement, un gouvernement fantoche, un président d'opérette…
Un pays qui n'est plus qu'une circonscription administrative…
Un "peuple" qui s'enfonce dans l'ignorance, le crétinisme, l'imbécillité quasi-clinique… Jouet de tous les pires gourous dans le genre Attali et autres manipulateurs de foules plus ou moins satanistes…
Non, "les 23 et 30 juin 1968 le peuple français" n'a pas "rejeté à une écrasante majorité les désordres fomentés et attisés par l'extrême gauche"…
La manifestation des Champs Élysées a donné cette illusion…
Mais, la réalité des quarante années qui ont suivi, c'est que les agitateurs de Mai 1968 (tous, fils de la bonne et de la très haute bourgeoisie…) et ceux qui à tous les échelons du pouvoir et des institutions (leurs pères, leurs oncles ) les soutenaient et les encourageaient, ont mis en œuvre leurs slogans, réalisé leurs fantasmes les plus fous, accompli toutes les subversions…
En écrivant que "...Le 30 mai le défilé sans précédent de la droite sur les Champs Élysées avait déjà sonné le glas de l'impression donnée par les manifs agitant les drapeaux rouges et noirs de l'insurrection… " tel est le texte exact, en disant qu'il s'agissait donc de l'illusion selon laquelle l'opinion penchait pour les drapeaux rouges et noirs je ne voulais certes pas dire que ce rassemblement conservateur aurait sauvé la France.
Il avait seulement donné le pouls d'une opinion qui allait voter, un mois plus tard, pour les candidats étiquetés à droite. De tels sondages à balles réelles n'indiquent nullement que les labels fussent loyaux.
Je relève quand même une petite erreur de mon correspondant : les agitateurs gauchistes de mai 1968 n'étaint pas majoritairement issus de la haute bourgeoisie. Leur sociologie reste à compléter mais les très intéressants ouvrages "Ils ont tué Pierre Overney" de Morgan Sportés, sur les maoïstes, comme le livre magistral de Christophe Nick sur "les Trotskystes" ou celui de Philippe Campinchi sur "les Lambertistes" fournissent de précieuses indications.
Je tiens à redire que la dimension lycéenne et la structure des comités Vietnam jouèrent un rôle essentiel et expliquent largement la déferlante qui suivit mai 1968, jusqu'en 1973, grâce à la loi Edgar Faure votée en novembre par l'assemblée élue comme "de droite "en juin 1968. Qu'on m'excuse d'insister mais j'ai vu tout cela de très près.
Sur la manifestation elle-même où je faillis me faire écharper pour avoir osé crier sur son passage et demander la libération du général Salan et de mes propres anciens camarades de la préparation militaire parachutiste encore en prison, exprimant mon peu d'enthousiasme pour le régime gaulliste, complice du communisme, je ne me sens guère compétent ni pour en faire l'apologie, encore moins pour garantir la lucidité des gens qui y participèrent alors.
Mon sentiment personnel, à l'époque, comme celui de mes amis, n'était donc certainement pas de rallier le régime qui se réclamait de De Gaulle, ni de soutenir en quoi que ce soit son gouvernement.
Personne n'ignorait non plus le rôle de Foccart et de ses réseaux dans l'organisation du défilé lui-même.
Ce que certains ont oublié mais que rapporte Morgan Sportès, c'est tout simplement le fait que la veille de cette manif, très bourgeoise, très exactement le 29 mai, pour une raison ignorée, et à ce jour inexpliquée, la CGT des usines Renault était allée défiler drapeaux rouges claquant au vent dans les beaux quartiers de l'ouest parisien, demeurés jusque-là bien à l'abri des événements.
Morgan Sportès fait partie des gens qui accusent les maoïstes d'avoir été soutenus par la CIA et par tous les méchants qui ne voulaient pas du marigot se réclamant de notre excellent général et de notre délicieuse CGT.
La connivence gaullo-soviétique, la liquidation pratique de l'Armée française par les théoriciens de la défense dite "tous azimuts", Ailleret comme Gallois, la rupture avec l'OTAN en 1966 en pleine guerre froide, tout cela semble à Morgan Sportès naturel, logique et légitime.
Je ne peux donc pas douter une seconde de l'ingénuité avec laquelle son interlocuteur responsable cégétiste de Billancourt à l'époque raconte la marche provocatrice sur Auteuil, Neuilly et Passy en se demandant 40 ans plus tard si ce n'était pas une sottise. Il emploie évidemment un mot plus grossier, plus usuel de nos jours et de ce fait plus faible.
Voilà. Les faits sont sacrés. Les commentaires sont libres.
JG Malliarakis
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Au-delà des aspects évènementiels, des questions de générations, et des questions idéologiques, mai 68 a été un mouvement de fond : le triomphe de l'individualisme. Les conditions économiques favorables permettaient qu'il émerge et se développe. Il a trouvé des prétextes pour s'auto-justifier. Il a atteint son paroxysme depuis peu, et la société, ayant comme la gueule de bois, ne fait que commencer à faire le bilan des dégâts.
Rédigé par : gros chat | samedi 10 mai 2008 à 22:04