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Tout d'abord je tiens à redire de quel point de vue j'observe ce qui a été dit ce soir-là et ce qui a été accompli depuis un an.
Je me situe résolument en effet parmi ceux qui aspirent à des réformes de liberté. Sans un rythme soutenu de changements radicaux la France resterait vouée à une tiers-mondisation lente ou accélérée, douce ou brutale, mais qui avance comme inéluctable depuis 30 ans.
Savoir, par ailleurs, si les 55 chantiers ouverts depuis 2007 par le nouveau pouvoir se révèlent pertinents et suffisants relève d'une autre analyse.
J'avoue donc à la fois mon incertitude sur plusieurs points et même mon inquiétude. Toute loi nouvelle, tout règlement pouvant à bon droit se voir qualifier de "réformes" ce mot ne veut rien dire s'il n'est accompagné d'une indication plus précise quant à l'orientation adoptée.
Ainsi les 300 mesures proposées en janvier par la Commission Attali ne me semblent guère de nature à faire progresser les libertés françaises.
Ainsi la seule logique des grandes unités de production et de distribution ne saurait être confondue avec la libre entreprise.
Ainsi les préoccupations des technostructures financières et les martingales spéculatives des traideurs relèvent-elles plus de la caricature d'un capitalisme de casino, essentiellement spoliateur, que des initiatives individuelles et des droits de propriété sans lesquels aucun progrès économique ne peut apparaître.
Ainsi la plus grande masse de prélèvements obligatoires et de dépenses publiques se logeant elle-même dans les replis monopolistes du système appelé sécurité sociale, on ne soulagera pas la France du tribut qui la pénalise sans commencer par cette nuisance précise.
Or, sur ce terrain aucune vraie réforme de liberté n'entre encore dans la visée de nos maîtres et seigneurs.
Globalement en revanche il fallait démontrer en 2007, et particulièrement au second tour du scrutin présidentiel l'existence d'un rapport de forces entre les courants d’opinion.
Ce rapport s'est établi à 53 contre 47, en avril, et il est passé en mai, pour au premier tour de l'élection législative à 55 contre 45. Sur le fond, je ne crois pas qu’il ait vraiment varié. Les Français préfèrent le développement des libertés à celui des utopies étatistes.
Que Mme Royal ait cependant le toupet de s'affirmer dès aujourd'hui "évidemment candidate pour 2012", sans même avoir sollicité le mandat de son parti, prouve qu'il faudra encore et toujours vaincre les partisans du socialisme. De nouveaux combats s'annoncent en France pour rendre définitif le rejet majoritaire de la vieille Utopie et de son entreprise de subversion collectiviste remontant au siècle dernier.
La seule légitimité que l'on doive et que l'on puisse reconnaître au pouvoir actuel se mesure par conséquent à son degré de fidélité à cet engagement de rejet, englobant aussi l’héritage mortifère de Mai 1968.
Ne nions pas, du reste, sur certains points, la détermination présidentielle à s'inscrire, en gros, dans les apparences de son programme, et dans les limites d'une épure tracée par lui-même.
On pourrait ironiser, cependant, n'en abusons pas, s'agissant des trois, erreurs, pas une de plus, généreusement avouées à l'Élysée. Car curieusement notre grand homme déclare :
1° N'avoir pas assez communiqué (sur les mesures fiscales)
2° N'avoir pas assez sanctionné (les cafouillages contradictoires de certains ministres)
3° N'avoir pas assez clarifié (sur la carte familles nombreuses à la SNCF).
On peut juger tout de même de tels aveux un peu faciles dans la mesure où tout ceci n'incrimine guère que des collaborateurs.
Quoi qu’il en soit notre cher magicien a confirmé encore que nul ne saurait se prévaloir de sa propre humilité, lui moins que quiconque : il ne m'en voudra donc pas si, comme à mon habitude je ne le nomme pratiquement jamais, me contentant de le tenir pour un moindre mal et refusant le piège du vedettariat auquel il ne cesse de donner l'impression de succomber.
Sur bien des points d'ailleurs on s'accordera à lui reconnaître que les données internationales et conjoncturelles ne facilitent pas la tâche.
Mais précisément voilà qui révèle le point faible du système présidentialiste à la française. Nos dirigeants expriment toujours la prétention de tout transformer via la magie d’un pouvoir d'État, incarné en un homme, celui-ci intervenant, tel Bonaparte Premier consul, dans tous les domaines.
En 2004 notre homme n'apparaissait pas comme un présidentiable éventuel, mais il posait en adversaire de la hausse des prix, en « ministre du pouvoir d’achat ». Cependant il semble ne s'être jamais lui-même interrogé sur les rigidités de notre urbanisme commercial. Les lois successives de Royer (1973) jusqu'à Raffarin (1996) ont permis aux pouvoirs publics d'attribuer des rentes de situation aux grandes surfaces alimentaires, une par zone de chalandise.
Prétendre, aujourd’hui comme en 2004, lutter contre la hausse des prix sans libérer la concurrence, relève de la Loi du maximum. Robespierre y ayant échoué en mai 1793, échoua encore plus en "généralisant" cette loi, en septembre de la même année.
Cela ne s’appelle pas une réforme de liberté, cela s’appelle une tentative pour sauver le socialisme.
Gorbatchev, entre 1986 et 1991, y avait lui aussi définitivement, magistralement, échoué.
Le système présidentialiste à la française n’y parviendra pas
JG Malliarakis
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