Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur son lien permanent sur le site de LUMIÈRE 101.com
Au début des années 1990 j'écrivais mon premier travail sur la protection sociale en France.
On ironisait et on tirait alors argument du fait qu'à peu de choses près le budget de la sécurité sociale correspondait à celui de l'État. Elle ne faisait encore l'objet ni d'une loi de financement votée en parallèle avec la loi de finances ni même d'un rapport spécial annuel de la cour des comptes présenté au parlement.
Ces deux procédures instituées l'une par le gouvernement Balladur en 1994, l'autre par le plan Juppé en 1996 n'ont manifestement pas servi à grand-chose.
15 ans plus tard en effet la majorité UMP assistée du Nouveau centre votait à l'assemblée nationale un budget de dépenses de l'État central à hauteur de 341 milliards d'euros pour l'année 2008 et en même temps une loi de financement de la sécurité sociale prévoyant joyeusement 428 milliards d'euros de dépenses pour l'ensemble des régimes obligatoires de base pour la même année.
Aujourd'hui encore on trouve logique de maintenir
- un rythme de 2 % pour l'accroissement des dépenses de l'État : 341 milliards en 2008 contre 335 en 2007 ;
- et, comparativement, une évolution des dépenses des différentes branches de la protection sociale obligatoire, passant de 389 milliards d'euros en 2006 à 407 en 2007 et 428 milliards d'euros en 2008, 10 % de plus en 2 ans, c'est-à-dire une croissance annuelle de l'ordre de 5 %.
Soulignons aussi que ceci n'empêche pas le système social de rogner sectoriellement les dépenses de pharmacie et les consultations de ville, et sur divers avantages vieillesse, paupérisant d'années en années les bénéficiaires de notre merveilleux et intouchable système de répartition.
Parmi les artifices techniques de sous-information du public et des dirigeants l'un des plus pervers consiste à faire circuler des tableaux de bords faussés par les gens de Bercy ne tenant compte habituellement que de ce qu'on appelle le régime général et n'informant l'opinion que du solde déficitaire lui-même complètement théorique de ces comptes.
Bien évidemment si la sécurité sociale se révèle le cancer des Finances publiques françaises celui-ci se développe sur la base des dépenses du système et on ne le guérira pas en instituant de petits déremboursements mesquins comme on le fait aux applaudissements de la droite étatiste.
Rappelons cette cruelle réalité que pour guérir une maladie on doit au moins la diagnostiquer.
Rappelons ainsi que la masse des dépenses publiques, sociales ou étatiques, persiste à faire évoluer la France, contre le gré des Français, vers un régime de plus en plus collectiviste dans la mesure où le taux de ces dépenses est encore passé dans les 5 dernières années entre 2002 et 2007, de 52 à 54 % du produit intérieur brut dépendant du Gosplan – pardon : du ministère de l'Économie et des Finances.
Et ce glissement continu s'opère lentement mais sûrement dans un contexte politique classé à droite, avec des discours sur la rupture, et même dénoncé par ses adversaires comme ultra-libéral alors que les élections présidentielles de mai 2007 et les élections législatives de juin ont souligné à quel point très majoritairement les Français ne voulaient pas du socialisme.
En revanche on attend pour demain les 300 conclusions destinées à redresser la situation. Elles émaneront d'une commission Attali, présidée par le théoricien des nationalisations de 1981-1982, nationalisations définies à l'époque par lui-même comme réversibles, il est vrai.
Gageons hélas qu'aucune de ses recommandations ne visera à guérir vraiment cet aspect du cancer économique et financier de la France qui s'appelle la sécurité sociale monopoliste (2).
JG Malliarakis
Notes
- Rapport sur "L'avenir de la protection sociale en France" (1992) présenté par Christian Poucet et édité par le CDCA.
- Pour diagnostiquer et comprendre ce mal je vous invite donc plutôt à lire le livre de mon ami Georges Lane "La sécurité sociale et comment s'en sortir" que je viens de publier et qu'il signera samedi 26 janvier de 15 heures à 18 heures à la librairie France-Livres, 6 rue du Petit Pont 75005 Paris (tel 01 43 25 66 67 --- métro Saint-Michel). Si vous ne pouvez vous rendre à cette signature vous pouver commander directement en ligne le livre aux Éditions du Trident.
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût…… pour les Éditions du Trident.
Pour une fois, la solution est simple : abroger le monopole de la SS et supprimer les subventions . En matière de santé, prévoyance et de retraite, les compagnies d'assurances peuvent faire mieux pour moins cher . De plus, on augmente le pouvoir d'achat des Français qui verront baisser très sensiblement les prélèvements obligatoires .
Rédigé par : David CHEVALIER | mardi 22 jan 2008 à 17:13
Bien sur qu'il faut supprimer le monopole de la sécu et la mettre en concurrence...
Claude Bory
HEC 41
Rédigé par : bory claude | mardi 22 jan 2008 à 19:08
Bonsoir,
Vous parlez d'un contexte politique classé à droite, c'est vrai. Mais la classe politique est en fait tout entière à gauche, bureaucratique et collectiviste, avec des nuances d'habillage.
Je ne vois rien de "droite" dans la pratique politique du gouvernement de M. Sarkozy. Dans ses annonces peut-être un peu !
Rédigé par : Catoneo | mardi 22 jan 2008 à 22:58
mais bon sang, mais c'est bien sûr ! la privatisation, voilà le remède.
J'ai vécu 10 ans aux states. Allez donc y faire un tour, vous verrez ce qu'est un système privé de sécurité sociale ! Vous êtes confondant d'ignorance et d'aveuglement !
Rédigé par : eric | mercredi 23 jan 2008 à 22:12
Difficile question : d'un côté , une sécurité sociale qui protège les plus démunis, avec tous les excès que l'on connait au niveau de l'immigration, et de l'autre "les plus riches" qui se plaignent de payer trop cher un service qu'ils payeraient bien moins cher dans le privé.
Comment faire ?
Rédigé par : Simon95 | jeudi 24 jan 2008 à 20:18
"mais bon sang, mais c'est bien sûr ! la privatisation, voilà le remède. J'ai
vécu 10 ans aux states. Allez donc y faire un tour, vous verrez ce qu'est un
système privé de sécurité sociale ! Vous êtes confondant d'ignorance et
d'aveuglement !"
Eric,
ne soyez pas aveugle vis-à-vis du système de santé français non plus. Reconnaissez
tout de même que c'est une usine-à-gaz soviétique qui bat de l'aile et que
d'introduire un peu de concurrence en son sein ne pourrait qu'être bénéfique.
Pour ce qui du système de santé américain, celui-ci n'a jamais été "privatisé"
sinon comment expliquer l'existence d'un système de santé public non négligeable
qui est à bout de souffle et donc tout le monde abuse ? j'ai vu une vidéo sur
Internet dans laquelle des personnes sans assurance de santé expliquaient comment
se faire soigner gratuitement ou pour pas cher dans certains cliniques privées (il y
en a une à la frontière mexicaine, par exemple), et dans les hôpitaux publics
obligés depuis les années 90 de soigner tout le monde, y compris les personnes
sans assurance.
La santé est un sujet complexe et, à mon sens, sans solution dans une société
d'interdépendance comme la nôtre : socialisez la santé et celle-ci finira par
couler l'économie du pays car tout le monde, riches comme pauvres,
en abusera (pour paraphraser Bastiat, "la santé, c'est cette grande fiction
en vertu de laquelle tout le monde vit aux dépens de tout le monde").
Privatisez totalement la santé (est-ce possible ?) et seuls les riches
pourront s'offrir des soins en inflation constante dispensés par des médecins
faisant tout pour limiter la concurrence, etc.
Cela ne nous empêche pas, néammoins, en France, de désidéologiser la santé et
de responsabiliser les acteurs, au lieu de continuer à nous bercer de nos
douces illusions socialistes et égalitaristes franco-françaises, en laissant
aux générations suivantes le soin de régler les problèmes.
Ranold Rangea
Rédigé par : Ranold Rangea | vendredi 25 jan 2008 à 09:49
ma vue va très bien merci, contrairement à votre méconnaissance du système de santé américain, basée sur des anecdotes piochées sur internet.....
Rédigé par : eric | samedi 26 jan 2008 à 14:25
J'ai rien à dire mais j'ai une mauvaise grippe, qu'est ce que je fais? la sécu c'est bien, le déficit c'est mal.
Rédigé par : minvielle | dimanche 27 jan 2008 à 03:56
"ma vue va très bien merci, contrairement à votre méconnaissance du système de santé américain, basée sur des anecdotes piochées sur internet....."
Qu'en savez-vous ? J'ai peut-être moi-même vécu aux USA et bénéficié du système de santé. D'autre part, je ne vois pas en quoi mes propos seraient plus anecdotiques que les vôtres, à moins que vous ne soyez un expert international des système de santé. Mais revenons à nos moutons. Si la privatisation de la Sécu évoquée par JGM n'est pas le remède à ses problèmes endémiques, que proposez-vous donc comme alternative ? L'augmentation constante de la CSG ?
Rédigé par : Ranold Rangea | dimanche 27 jan 2008 à 18:40
LA FRANCE A SIGNE , EN 1992 , LES DIRECTIVES 92/49/CEE , 92/50/CEE ET 92/96/CEE ( Les Directives qui abrogent de fait le monopole de la Sécurité Sociale ). LA FRANCE DOIT APPLIQUER CE QU'ELLE A SIGNE !!!!
Rédigé par : BRUGIER PHILIPPE-ARNAUD | lundi 11 fév 2008 à 20:26