Écoutez l'enregistrement de cette chronique : sur le site de Lumière 101
Je crois avoir dit l’essentiel de ce que l’on devrait savoir avant d’aborder une semaine annoncée pour très pénible pour tous les usagers des transports en commun. Après avoir développé depuis 15 ans, sur tous les tons les arguments en faveur de la liberté de la protection sociale, on ne peut plus qu’observer, finalement la redoutable persistance de l’imprégnation étatiste et post-révolutionnaire des esprits dans ce malheureux pays.
Or on hésite, et je recule moi-même devant l’affiliation abrupte et sans transition de cet héritage idéologique aux restes de l’entreprise léniniste. Plus personne ne veut plus croire que nous portons à la fois la marque d’infamie du robespierrisme et celle du stalinisme. Parler du communisme équivaut à accepter à Paris d’être considéré comme une sorte de fossile.
Alors je voudrais savoir combien de personnes, en Europe, ont ressenti à la fois comme un affront personnel et comme une nouvelle agression idéologique annonçant la marche totalitaire du personnage l’incident provoqué par le démagogue vénézuélien Chavez, roulant une fois de plus sa fange dans l’or de son pétrole à l’encontre du gouvernement espagnol.
Le Premier ministre espagnol Zapatero parlait ce 10 novembre à la tribune d’une rencontre ibéro-américaine à Santiago. Or Chavez depuis la veille ne cessait de traiter le prédécesseur de ce social-démocrate, c’est-à-dire José Maria Aznar, de « fasciste ». Or pour mieux comprendre ce que cette dénomination implique on se reportera aux commentaires que son auteur a cru bonde dispenser à l’usage des autres dirigeants du continent sud-américain réunis au Chili : "un fasciste n'est pas humain, un serpent est plus humain qu'un fasciste"
Face à un tel délire de haine, le chef du gouvernement de Madrid a déclaré : "Je voudrais dire au président Hugo Chavez que dans un forum réunissant des gouvernements démocratiques, (...) l'un des principes de base s'appelle le respect". Vainement le roi d’Espagne a tenté lui aussi d’intervenir dans le même sens que son ministre, le sens de la plus élémentaire correction vis-à-vis, doit-on le souligner, de l’adversaire de M. Zapatero.
Or il me déplaît de devoir remarquer, en consultant le lendemain les 34 réactions de lecteurs du Monde publiées par ce journal que, certes deux ou trois remarquent que la veille de ses répugnantes interventions de Santiago Chavez faisait tirer sa police politique sur les étudiants de Caracas, mais qu’au fond la majorité d'entre eux semble trouver assez normal qu’on insulte ainsi le roi d’Espagne et son Premier ministre, pourtant lui-même social démocrate.
Chavez a bonne presse en France. Principal soutien des guérilleros communistes des FARC colombiennes, Chavez a le cynisme de jouer les négociateurs dans l'affaire des divers otages détenus par ces terroristes (1). On semble à Paris lui en devoir de la reconnaissance. Successeur désigné par Fidel Castro pour continuer l’œuvre de subversion marxiste et léniniste en Amérique latine, admirateur de Guevara, ami d’Ahmadinedjad, il se réclame de la révolution dite bolivarienne. Je vous concède donc le trouver certes tout à fait d’une autre époque mais je constate qu’il se propose, en ce début de XXIe siècle, de polluer la nôtre, — utilisant le même type de complicité et les mêmes aveuglements, que ceux dont ont bénéficié ses prédécesseurs. La survivance de l'entreprise communiste n’a pas besoin, hélas, d'être démontrée : elle s’affiche impunément bien visible, bien cynique, bien totalitaire.
JG Malliarakis
Notes
- Dont, parmi tant d'autres, Mme Betancourt.
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût…… pour les Éditions du Trident.
... pour charger et imprimer la circulaire de nouveautés de décembre
... et un bon de commande.
Lisez donc les réactions postées sur le site du Figaro concernant cette affaire et vous verrez que le comportement de ce bouffon de Chavez est loin de faire l'unanimité que vous décrivez.
Félicitations pour votrez blog, surtout continuez.
Rédigé par : gw29 | lundi 12 nov 2007 à 12:22
Concernant le roi d'Espagne,BRAVO!!
voila enfin quelqu'un qui n'est pas "châtré" par le politiquement correct!
Rédigé par : Richard | mardi 13 nov 2007 à 09:50
Vous écrivez "Or on hésite, et je recule moi-même devant l’affiliation abrupte et sans transition de cet héritage idéologique aux restes de l’entreprise léniniste. Plus personne ne veut plus croire que nous portons à la fois la marque d’infamie du robespierrisme et celle du stalinisme. Parler du communisme équivaut à accepter à Paris d’être considéré comme une sorte de fossile."
Gave rapporte dans ses ouvrages que la révolution française a été la matrice de tous les totalitarismes.
Avec mon site http://amourpiegale3.blogspot.com/ signant Josick d'esprit agricole, je dois certainement faire partie des fossiles.
Rédigé par : josick d'esprit agricole | mercredi 14 nov 2007 à 14:22
La fonction "matricielle" de la révolution française est affirmée par Friedrich Engels lui-même dans sa critique du projet de programme d'Erfurt (adressée à Kautsky le 29 juin 1891, elle ne fut publiée que dix ans plus tard dans la Neue Zeit, 20e année, 1901-1902, tome I) :
"Une chose absolument certaine, c'est que notre Parti et la classe ouvrière ne peuvent arriver à la domination que sous la forme de la République démocratique. Cette dernière est même la forme spécifique de la dictature du prolétariat, comme l'a déjà montré la grande Révolution française."
Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites...
Rédigé par : Philippe JOSSELIN | jeudi 15 nov 2007 à 17:27