Écoutez l'enregistrement de cette chronique : en date du 14 novembre sur le site de LUMIÈRE 101
Nous vivons vraiment une époque bouleversante, où l’intelligence pétille à tous les coins de rue. Ainsi nous avons appris hier que le parti socialiste se situe résolument du côté des grévistes bénéficiaires des régimes spéciaux de retraites, et qui entendent bien le rester. Son Bureau national a tenu à le faire savoir au monde. Il a donc rédigé un communiqué diffusé par l’AFP le 13 novembre à 23 h 30. Celui-ci nous informe que "Le Parti socialiste apporte son soutien aux salariés en grève contre une offensive gouvernementale qui annonce pour demain la même méthode et les mêmes objectifs pour l'ensemble des salariés de ce pays."
Dans le même temps la direction actuelle de l'UNEF, autre intéressante réalité rétrospective, développe une ligne soixante-huitarde identique. Pour s’opposer à la loi en cours sous l’impulsion de Mme Pécresse, quoi de plus logique, et j’ajouterai quoi de plus performant pour les universités que de se raccorder sur la classe ouvrière en appelant à bloquer les gares. Les petits mickeys socialistes qui ont prétendu s’y employer bloquent déjà il est vrai, contre le désir de la majorité des étudiants, 17 universités françaises sur 85.
Je ne dis pas ici que le PS manque de logique.
À certains égards je le crois même en avance sur le projet fort modeste de M. Fillon et de son gouvernement. Je note ainsi qu’il évoque "la nécessité d'une réforme globale des retraites garantissant la pérennité du système par répartition".Si l’on avait vraiment voulu au PS sauver ce système lamentable, misérabiliste et périmé, – on pourrait encore ajouter ici une épithète : ce système pétainiste (1)– qu’est la répartition, si donc les socialistes avaient appliqué leur doctrine actuelle à l’époque du gouvernement Jospin ils n’auraient pas en l’an 2000 fait appel au rapport Teulade devant le Conseil économique et social. Celui-ci tendait à démontrer que le régime pouvait perdurer. Il utilisait pour cela des arguments totalement irrecevables mais on fit voter ce document. À l’époque je m’étais permis d’appeler cette démarche d’un néologisme qui n’a pas fait florès, et je le déplore : le teuladisme". Teulade, vieux routier du lobby des mutuelles faisait figure de docteur tant mieux. Le gouvernement socialiste l’avait instrumentalisé. On l’avait opposé au rapport remis en 1999 par M. Jean-Michel Charpin, alors Commissaire général du plan (bigre). Ce dernier concluait dès cette époque de manière infiniment plus dramatique. Mais la gauche plurielle ne voulut pas en tendre parler, au nom de son alliance de l’époque avec le parti communiste et la CGT.
Ainsi donc, en maintenant cette alliance, et tant qu’il s’y accrochera, le parti socialiste d’aujourd’hui s'installe dans la stagnation. Il se disqualifie totalement pour parler de réformes. Le bureau national du PS se situe non seulement en recul par rapport à des nécessités évidentes. Mais, plus encore, il en est revenu avant le congrès de Tours de 1920.
À cette époque la minorité qui eut le bon sens de s’opposer aux communistes avait déjà repéré où mèneraient les mythes inhérents à l’alignement sur une classe ouvrière mythifiée par des bureaucraties. 1920 fut pourtant aussi l’année d’une grève historique des cheminots, à l’époque salariés des compagnies ferroviaires privées.
Mais revenons à notre [fausse] modernité. Le déroulement de la grève confirme ce que nous soulignons ici depuis un certain temps : le chef cégétiste Thibault cherche et parvient à s’imposer comme le partenaire central, et il s’apprête à poser, dans le jeu de rôles actuel, en sauveur du gouvernement Fillon. C’est sur lui que l’on compte pour arrêter la grève, alors que les mobilisations de protestataires anti-grèves se développent sur une base inégalée, tout simplement parce que l’opinion populaire en a par-dessus la tête des blocages.
Espérons quand même que le prix à payer ne s’en révélera pas trop élevé pour les heureux contribuables et pour les cotisants forcés du régime général.
JG Malliarakis
Notes
- On ne dira jamais assez que son institution remonte à la charte du Travail de 1941.
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût…… pour les Éditions du Trident.
... pour charger et imprimer la circulaire de nouveautés de décembre
... et un bon de commande.
Le monde est ouvert. Les pays sont en concurrence les uns avec les autres pour être compétitifs et attirer les talents et les capitaux.
Ailleurs les gouvernements se préoccuppent de cette compétition et conduisent les réformes pour améliorer l'éducation des jeunes, le rôle et la taille de l'Etat, la fiscalité, etc. Ils le font tous, qu'ils soient de gauche ou de droite, socialistes, conservateurs ou libéraux, tout simplement parce que c'est la condition de la survie. Sauf en France.
Rédigé par : Jacques Peter | mercredi 14 nov 2007 à 14:33
entièrement d'accord avec le précédent commentaire, je vous invite à rejoindre la manifestation anti-blocage et pour les réformes de dimanche 18 novembre à 15h place de la République
Rédigé par : chastenet | jeudi 15 nov 2007 à 17:23
Merci pour ces propos justes.
A propos de la mise en place de la retraite par « répartition », en 1941 :
Cela se comprenait, à cette époque, puisque la France voulut, afin de se reconnaître, constituer à nouveau une patrie, au sens de la famille des familles.
La retraite par répartition était consubstantielle au projet de la solidarité intergénérationnelle, projet contenu dans celui de patrie, alliée au travail et à la famille.
Les choses ont évoluées, pas en bien, depuis que dans notre pays la patrie au sens de « famille des familles » a été écrasée par « l’autre nation » , celle de la révolution permanente, des (faux) droits de l'homme), etc. L'humanité cède, momentanément j’espère, le pas à l'inhumanité.
Il ne reste plus ainsi aux hommes de bonne volonté qu'à faire des économies pour leur propre et unique famille, sauf à voir le fruit de leur travail être confisqué pour être versé à d'autres pour qui la retraite n’est un moyen de vivre aux dépens d'autrui. Ces coucous vievent « plus et mieux » … et plus tôt que ceux qui bossent pour eux.
D’où la notion de retraite par « capitalisation » ; ardente obligation dès lors que les règles du jeu ne permettent plus la solidarité ; mais qu’une fausse solidarité, qui est devenue un slogan creux, à transformé la répartition en spoliation !
Rédigé par : Ghislaine | jeudi 15 nov 2007 à 22:53
Bonjour,
Vous faite, avec juste raison mais avec mépris, remonter la "retraite par répartition" à la charte du travail instaurée par Pétain.
Or, à l'époque il n'y a que 20 ans que la guerre de 14-18 s'est terminée. une nouvelle génération arrive sur le marché du travail et les survivants des tranchées ont en moyenne 45 ans et nombreux sont ceux qui ne peuvent plus travailler. En 1941, les jeunes en âge de travailler sont sous les drapeaux. La France est occupée. Il me semble que dans ce contexte l'institution de la retraite par répartition n'était pas une mauvaise solution. Ce que l'on peut regretter c'est que au cours des "trente glorieuses" elle n'est pas été remplacée.
Petite réponse
Je le fais sans "mépris" : je le fais objectivement, sachant d'ailleurs (et je l'ai écrit) les conditions de l'époque.
Rédigé par : Lassalle | vendredi 16 nov 2007 à 11:25