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Aucun événement ne doit être compris à chaud, et encore moins classé a priori dans une case arbitrairement préconçue.
Le rapprochement franco-américain, volonté très explicite du chef de l'État correspond à des préoccupations moins clairement formulées des gens qui souhaitent réformer le pays. Le monde a changé en 2001. M. Chirac ne l'avait pas compris. On doit noter que son successeur en demeure manifestement persuadé.
Mais dans les nouvelles modes, seules les sots prennent tout en admiration. Ainsi, à la grande satisfaction de la "speakerine" démocrate de la Chambre des représentants, Mme Nancy Pelosi, notre cher président a lâché que : "Ceux qui aiment l'Amérique des grands espaces, des parcs nationaux, de la nature protégée, attendent de l'Amérique qu'elle prenne, aux côtés de l'Europe, la tête du combat contre le réchauffement climatique qui menace la destruction de notre planète". On frémit à l'idée de ce qu'un tel enthousiasme pourrait produire le jour où les démocrates reprendraient aussi la Maison Blanche.
Par ailleurs il convient de mesurer la fragilité des revues de presse internationales. Les vaseux communicants aiment à nous faire croire que tel événement intéresse le monde entier sous prétexte de trois coupures de presse, elles-mêmes tronquées. Et au bout du compte cela aboutit à une fâcheuse illusion de l'importance de l'Hexagone.
Au contraire de cette aberrante optique, mon impression, toute relative sans doute, tendrait plutôt à observer le recul de l'intérêt pour le nombrilisme parisien dans les deux ou trois capitales que je puis fréquenter. Et par exemple en Italie, la "sorella latina" semble non seulement moins importante que par avant, mais pour tout dire, elle frappe par son insignifiance. Quand le 6 mai un nouveau président est élu à Paris, La Stampa souligne une déclaration particulièrement conforme à l'image négative des dirigeants français : l'arrogance pour ne pas dire la vanité.
En revanche on a pu noter ces derniers jours un regain d'intérêt pour la nouvelle politique extérieure de la France. Car elle a en changé : "la France aime l'Amérique". Ce titre inattendu jusque-là, et même l'étonnement que "Bush… ressemble à Sarkozy" inspirait ainsi le 7 novembre deux articles en premières pages du plus sérieux des quotidiens athéniens, Kathimerini peu enclin à applaudir en général aux frivolités du Quai d'Orsay. On pourrait multiplier les exemples, dans toutes sortes de pays.
Il faut évidemment une singulière candeur pour croire à des déclarations sentimentales entre États.
S'agissant des relations franco-américaines, contrairement à l'image vertueuse de la Guerre d'indépendance, on devrait noter leur refroidissement dès la proclamation de la république en 1792, encore plus après la mort du roi en 1793, et, pire encore, du fait de la désastreuse mission du citoyen Genet. Pendant le XIXe siècle les relations franco-américaines demeurèrent quasiment inexistantes. Sans doute, en avril 1917, le nouveau général en chef Philippe Pétain déclare-t-il "j'attends les tanks et les Américains". Mais les mobiles profond de l'entrée en guerre de ces derniers ne placent la francophilie, peut-être excellente pour la propagande et même pour le volontariat qu'à un rang anecdotique. La menace d'une pénétration allemande au Mexique a joué un rôle non négligeable.
Il va donc devenir essentiel de s'interroger sur la nature de ce nouveau cours de la politique française, et notamment si l'on veut en mesurer le caractère de rupture, on doit se demander ce qui a conduit, dans la seconde moitié du XXe siècle, des relations certes fluctuantes et inégales, mais néanmoins cordiales à un rapport si terriblement antagoniste.
Clairement alors, il faut considérer le rôle du gaullisme et celui de l'influence communiste. Si l'on doit assister à un réchauffement des relations entre Paris et Washington, on pourra mesurer de la sorte le recul du gaullisme et de l'influence communiste. Et, quant à ce dernier facteur, on se permettra, sans réserve, de se féliciter de son déclin.
JG Malliarakis
Notes
- "Il neopresidente : « Voglio restituire l'orgoglio alla Francia »" (titre de La Stampa du 6.5.2007)
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Rappelons en quelques lignes la piteuse carrière diplomatique du "citoyen Genest" : Versaillais de naissance, frère de Madame Campan (la célèbre femme de chambre de la reine Marie-Antoinette), il prit partie pour la révolution dès 1789 et fut immédiatement nommé chargé d'affaires de France en Russie. Ses menées subversives conduisirent l'impératrice Catherine II à lui intimer l'ordre de quitter Saint-Petersbourg en 1792. Nommé alors ambassadeur en Hollande, il fut rapidement envoyé aux Etats-Unis d'Amérique où il tenta d'exciter l'opinion en faveur de l'entrée en guerre contre l'Angleterre... ce qui conduisit à son tour le président George Washington à solliciter son rappel en France ! La perspective de devoir rendre compte de sa mission devant le Comité de Salut public ayant subitement refroidi son enthousiasme révolutionnaire, il préféra se faire naturaliser citoyen des Etats-Unis, pays où il mourut en 1834.
Rédigé par : Philippe JOSSELIN | samedi 10 nov 2007 à 14:03
A mon avis, la France est en train de s'aligner sur la future politique étrangère de l'Union Européenne, à l'ombre de l'OTAN. C'est, entre autre, une politique de facilité.
C'est toute une classe politique qui rêve de n'être que gestionnaire (où s'y résigne, ce qui revient au même)... sans diminution de revenus, toutefois !
Rédigé par : gros chat | dimanche 11 nov 2007 à 22:15
Je pense quand même qu'il rentre de la sentimentalité dans les relations internationales, en particuliers dans les opinions de la rue (par ex, j'éprouve admiration et sympathie pour Israel) Donc, je pense que les américains (une fois pour toutes, je considère la majorité), m^me les anti-Bush,détestent la France et exagèrent ses faiblesses, parce que nous sommes "leur ennemi" . Si cet état de choses évolue sous l'influence de superSarko, alors tant mieux : on pourra enfin discuter avec le grand frère américain !
Roger Pérès
Rédigé par : Roger Pérès | mardi 20 nov 2007 à 18:01