Écoutez l'enregistrement de cette chronique : désormais sur Lumière 101
Aujourd'hui (1) nous devons opérer un constat : celui des distances entre, d'une part, les promesses du candidat Sarkozy, et les actes, d'autre part, du gouvernement Fillon, étroitement soumis au chef de l'État. Élu par la droite, le président de la république se réclamait d'un programme prudent, et sans doute raisonnable. Il a pu battre de la sorte, et fort heureusement, la candidate de toutes les gauches, de toutes les certitudes d'un déclin encore aggravé, et de toutes les sottises. Les réalités de l'action gouvernementale déçoivent certains, qui sans doute s'illusionnaient quant à l'intensité du moindre mal. Elles amènent aussi à s'interroger quant à la pertinence de certaines mesures, à l'évidence inspirées par l'héritage indécrottable de l'interventionnisme, du très vieux dirigisme, et de la sempiternelle gestion politique de certaines entreprises demeurées dans le néfaste giron étatique.
On dit aujourd'hui de M. Sarkozy, après l'avoir placé au zénith, qu'il aurait perdu 5 points dans la faveur de l'opinion, peut-être dès lors qu'il ose remettre en cause les régimes spéciaux de retraites. On observe en regard que le personnage supposé le plus populaire de France serait le Maire de Paris. Tout cela nous ramène au train-train fort médiocre d'une vie politique dérisoirement hexagonale, d'un flot sondagier fugace et illusoire, ainsi qu'aux manœuvres le plus subalternes.
Examinons, parmi ces dernières, celles qui séparent en ce moment les courants de la gauche. Leur visibilité, quoiqu'imparfaite sans doute aux yeux de leurs sympathisants, me paraît éclatante. Elles portent d'abord sur le choix de l'allié avec lequel chaque clan interne au parti socialiste envisage la reconquête d'un pouvoir d'État, exercé directement, ou fortement influencé depuis un quart de siècle. Les uns bâtissent derechef l'hypothèse d'un secours venues des diverses sous tendances se réclamant encore ouvertement du marxisme et qui totalisent quand même un agrégat électoral de 9,8 % des votants. De tels suffrages se trouvent aujourd'hui encore satellisés au gré du reliquat de la mouvance communiste, allant depuis le vieil appareil stalino-cégétiste lui-même, jusqu'aux frontières du trotskisme, en passant par l'altermondialisme, par l'antilibéralisme affiché pour tel, et par toutes les nuances du syndicalisme enseignant, de la forteresse des mutuelles et du laïcisme maçonnique. Ces vieilleries reculent sur tous les fronts. On doit s'en réjouir. Et, sauf le référendum chiraquien raté de 2005, elles auraient été tenues pour balayées de longue date. En face, l'inepte Mme Royal, et la plupart de ses admirateurs, voire certains rivaux directs envisagent au contraire un retournement de l'alliance nouée, il y a 40 ans, lors des législatives de 1967 entre la FGDS conduite par Mitterrand et le parti communiste.
On devrait se souvenir qu'alors, deux députés seulement, MM. Bernard Lafay et Frédéric-Dupont, représentants de la droite parisienne, étaient parvenus à échapper à la prise en tenaille de la bipolarisation, entre d'une part les tenants du pouvoir gaulliste, et d'autre part l'alliance socialo-communiste. Leur abstention lors des motions de censure de la gauche permit seule, jusqu'à la crise du printemps 1968, à la fausse majorité parlementaire de maintenir en place le gouvernement.
À droite désormais on semble revenu à des questions beaucoup plus anciennes encore. Car la clé de ce que nous observons doit peut-être se rechercher dans de très vieux clivages. S'y greffent de plus récentes rancunes. On éprouve quelques réticences à les saluer pour un gage de renouveau du pays.
JG Malliarakis
Notes
- Je reprends donc en cette mi-septembre le fil de ma plume. Je promets, à mes lecteurs, auditeurs, amis et même adversaires, de rechercher une plus grande productivité et une plus claire régularité. Désormais l'enregistrement vocal de l'Insolent se verra diffusé par le canal de Lumière 101.
Lundi en date du 17 septembre, d'autre part, je reprendrai, toujours sur ce canal de Lumière 101, mes libres entretiens interrompus pendant l'été. Pour ce recommencement j'inaugurerai une formule occasionnelle, désirée depuis longtemps, constituée de réponses aux questions des correspondants et des lecteurs, classés au départ en fonction des thèmes abordés par cette chronique au fil de son existence. Vous contribuerez donc à notre interactivité, comme à celle de Lumière 101 en utilisant cette fonction de commentaire.
Cher M.Malliarakis, j'aimerais intervenir au sujet de votre récent propos , voici : à ma vue, les différents courants de gauche se valorisent sur un même vecteur de communication, à savoir le mot "révolutionnaire", ou "révolution", habilement trahi dans son sens par le mot "rupture" du camarade marathonien Sarkozy (plein de points au scrabble, celui-là!et à la côte de pop). J'attire d'ailleurs l'attention de vos lecteurs sur le peau de chat (podcast en angliche) de vos conversation avec M.Eduardo mac Enzie, où il est souligné que le clan Roycoyal n'a pas prêté d'intérêt aux victimes du régime de Chavez, et son action civilisatrice. Notez que durant sa campagne, Miss Royco n'en a pas moins parlé de révolution. Genre matriarcat sud-amerloc, façon je vous les mets tous au penser-peuploprimé...je l'absoudrais bien de son ISF, celle-ci. Elle tient trop bien son rôle. Décidément la marionette humaine est bien huilée! Je situe l'archaïsme, par contre, des clivages gôche-drôate, à peu près au contexte Barrès Blum, ou quelque chose d'approchant, là où les preneurs d'histoire s'accaparent quelques chapitres.Sombrement, lumineusement, sur les sentiers, PMS.
Rédigé par : minvielle | samedi 15 sep 2007 à 11:34
Le clivage mortifère est inscrit dans le système politique lui-même auquel les électeurs participent. Ainsi, lors des dernières élections présidentielles, les deux grands partis ont conforté leur main-mise sur la République. Les petits partis n'ont même pas fait de la figuration. A part cela, il y a eu l'épiphénomène Bayrou. En 2002, il y a eu l'épiphénomène Le Pen (sans mobilisation particulière Chirac aurait de toutes manières facilement gagné, c'était couru d'avance). Quant aux votes blancs, qui, à mon avis, auraient un poids important s'ils étaient massifs, ils sont restés à un faible niveau. Les cercles vicieux de la démagogie se portent bien.
Rédigé par : gros chat | lundi 17 sep 2007 à 02:01