Budget : la valse-hésitation a commencé par deux pas en arrière.

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Face au projet de budget en demi-teinte adopté par le conseil des ministres ce 26 septembre, on ne saurait parler d'une moitié de satisfaction ni même d’un quart. Réellement décevante, l'attitude du gouvernement de Paris ne répond même pas à la prétention de retrouver en Europe une position de référence et même d'impulsion. On se permet de semoncer les dirigeants de la Banque centrale, mais on se révèle incapable de mettre en place des dispositions imposées, pour leur bien d'ailleurs, aux pays les plus pauvres.

Le mensonge fondamental consiste, en matière de dépenses publiques, à assimiler dans l'opinion l'idée de prospérité, de croissance et de puissance à la démonstration de dépenses excessives et de déficits élevés. On accepte que des journalistes ignorants et des cégétistes irresponsables en propagent le mythe, destructeur. Certains naïfs prennent parfois prétexte de vagues souvenirs historiques déformés. Louis XIV produisait du déficit, pense-t-on, Louis XVI encore plus, répète-t-on. Dès lors on nous propose d'applaudir aux 42 milliards d'euros manquants entre l'espérance des recettes et la certitude des dépenses qui se verront inscrites dans les comptes prévisionnels de l'État pour l'année 2008. Et une telle évaluation glisse pudiquement sur les soldes, désastreux branches par branches de nos chers monopoles sociaux. Quand on aime on ne compte pas.

Le porte-plume officiel de du chef de l'État, le citoyen Guaino ancien commissaire au Gosplan appartient assez notoirement à cette école dressant ses ergots souverainistes sur l fumier d du délabrement financier. Dépensons pour exister, dilapidons pour rayonner semble bien leur devise.

Une première observation s'impose, dans un pays où les 2/3 de l'opinion, autrement dit bien plus que la majorité présidentielle ayant voté à droite, accepte la perspective des réformes. Il faut remarquer que le recul opéré, puisque l'on remplacera bel et bien 70% des fonctionnaires surnuméraires partant en retraite et non la moitié – ne rallie pas la gauche.

Bien au contraire, Le Monde du 27 septembre ne rosit pas de titrer : "Budget 2008 : colère des enseignants, scepticisme des magistrats et policiers" et de poursuivre en prenant référence sur la FSU, d'obédience communiste, laquelle se plaît à déclare :"l'éducation nationale est au bord de la rupture". Les syndicats de policiers et de magistrats, affirme encore le journal, "attendent des mesures concrètes". Car à gauche on n’hésite pas à amalgamer les fonctions régaliennes et les activités usurpées par l’État de sorte que le quotidien de la pensée unique parle aussi de "tour de vis sur l'emploi". On se retrouve ici en présence du contresens habituel au fonctionnariat. Toute diminution de 20 000 emplois dans le secteur public libère 50 000 possibilités de créations de postes dans le privé productif et contributif.

La gauche dénonce aussi un budget "idéologique" : erreur totale bien évidemment s’il s’agit d’en imputer l’inspiration aux défenseurs de l’économie de liberté. Il s’agit là, au contraire du salmigondis et des compromis inutiles des technocrates, dressés à délayer leurs incertaines convictions dans l’eau trouble administrative.

Les petits hommes gris ont, toujours et en tout lieu, pollué les opérations qu’ils prétendent prémunir par leur présence des excès de vérité. Ils l’ont démontré par le passé. Ils le prouveront encore.

Depuis une semaine, tant dans ma (courte) chronique du 20 septembre que dans mon (long) entretien sur Lumière 101 du 24, je formulai maladroitement l’espoir que les volontés de réformes l’emporteraient sur les forces de sabotage.

Hélas, la valse-hésitation a commencé, par deux pas en arrière.

JG Malliarakis

Comments

[Rédigé par : doucet]

Ça me rappelle Louis XIV, qui, encore adolescent, s’inquiétait des conséquences des engagements qu’on lui demandait et à qui le Grand Condé répondit, superbement désinvolte; “promettez, promettez Majesté, il sera toujours temps de ne pas tenir”.

[Rédigé par : GOURBETIAN]

La valse hesitation risque de se transformer en derapage non controlé.
Ceux qu'on peut designer comme les priviligiés de la fonction publique ( dont j'exclus la police et les soignants) ne veulent rien lacher,bien relayés par les medias.
Des grèves s'annoncent et les specialistes de la rue
fourbissent leurs armes peut etr au sens propre du terme.
Tous les autres citoyens ,qui souhaitent sincerement des reformes ,vont se sentir
frustrés des promesses non tenues et etre tentés de vouloir les expliquer ou les appliquer sur leur lieu de travail.
Bonjour l'ambiance au bureau et dans les transports en commun (s'ils fonctionnent).
C'est dans ce genre de "climat" que l'extreme gauche adore evoluer,et là tout est possible meme le pire...

[Rédigé par : minvielle]

La valse de maître Kurz Long, c'est la meilleure façon de mener le troupeau. Quel est cet étonnement? D'un mal ou de deux maux, en un mot, vous choisîtes celui-ci! Un gros coup de plumeau dans les dépenses publiques? Le chatouillis désagréable des rémiges de cette mission régalienne fera frissoner certes leurs ouïes mais pas aussi fort que le cri du caviar que l'on jette en pâture aux nominés! Dans quel état sommes nous? Triste ou décidés à influer sur le plateau non complaisant de la balance? PMS?