Écoutez l'enregistrement "pot-de-caste" de cette chronique :
Dois-je le confesser ? Le discours de politique générale, prononcé par le Premier ministre M. François Fillon devant l'Assemblée nationale ce 3 juillet me laisse franchement perplexe.
Certes on ne saurait se dissimuler les conventions inhérentes à un tel genre littéraire.
D'autre part, quelques excellents éclairs se projettent dans le paysage, globalement obscur d'une lecture attentive. Mais dans son ensemble le territoire, ainsi survolé, demeure marqué par des idées complaisantes et des mots d'ordre conformistes, et, chose peut-être pire, par la perspective de réformes préfabriquées par des cercles technocratiques, qui ne changeront pas grand-chose ou se révéleront pires que le mal.
Le mot de rupture avait vu s'affaiblir son écho depuis l'automne 2006. Il réapparaît avec bonheur à la première des 15 pages que représente ce texte sur le tirage de mon ordinateur. Mais je ne le retrouve pas dans les 14 pages suivantes, je n'en retrouve même pas la trace.
Évoquons à peine la politique extérieure. Elle occupe ma foi une bonne part du propos. Le mot Europe n'est guère prononcé que sous sa forme adjective. On demandera plus de protectionnisme à l'Union européenne. On instaurera une taxe sur la circulation des camions. On invoque à certains égards un comparatisme passif. Bref, ce qui préoccupe la politique décidément mondiale du gouvernement relève, on l'a compris, d'un autre ordre. L'existence de dangers bien réels dans le monde actuel n'échappe pas à la sagacité du ou des rédacteurs. Le mot terrorisme est cité, la coopération transfrontalière des polices n'est pas esquivée, mais de la Grande Bretagne on ne parle qu'à propos de son expérience de vidéosurveillance. Et globalement le chef du gouvernement semble peu disposé à nous livrer les secrets par lesquels il entendra déjouer les périls évoqués, sinon par la continuation des mêmes illusions nourries depuis des années par tous les doustes, tous les blazys, tous les chiracovillepineux et tous leurs conseillers.
Je m'en voudrais d'ironiser trop lourdement sur quelques autres menues contradictions. À quelques lignes d'intervalles on découvre que M. Fillon retint qu'à 5 % des chômeurs officiels, chiffre espéré pour l'horizon 2012, alors que nous en sommes à 8 %, il aurait atteint le plein-emploi.
Qu'on me permette de citer :
L'objectif de mon gouvernement est donc simple et clair : c'est le plein-emploi. (…)il n'y a là rien d'impossible, y compris en Europe, puisqu'une bonne moitié des membres de l'Union Européenne connaissent le plein-emploi, parfois depuis une décennie.
Et quelques secondes plus tard
Mon gouvernement se fixe ainsi pour objectif un taux de chômage de 5 % à la fin du quinquennat.
Autre objectif arbitrairement fixé : 50 % d'une classe d'âge diplômée de l'enseignement supérieur. D'où sort donc un tel chiffre sinon de la plus inquiétante des fumeries de l'opium planificateur ? Où donc mène-t-il ? A-t-on au moins tiré les leçons du slogan pervers des 80 % des bacheliers ?
Ah ! D'excellentes pistes de réflexion sont lancées relativement au rôle du parlement, au nombre des commissions, au dialogue social avec des syndicats dont M. Fillon se targue d'avoir en 2004 fixé les principes.
Mais dans ce vaste catalogue de bonnes intentions, je ne vois pas la moindre allusion à une baisse des prélèvements, à un dégonflement de la dépense publique, à la libre entreprise, au travail indépendant, ou à la concurrence.
Confier la présidence de la Commission des finances à l'opposition, donc au parti socialiste, cela peut se voir présenté pour une preuve d'esprit démocratique. Mais cela augure mal de la réduction de la dette. Et, d'ailleurs, pendant que M. Fillon parlait à Paris, on apprenait à Bruxelles la révision des engagements de l'État central français quant à son laxisme budgétaire. Ce ne serait plus 1,8 % de déficit dans le budget 2008 mais 2,5 %. Qu'on me permette de trouver dommageables de telles incertitudes.
JG Malliarakis
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Effectivement ce long périple littéraire nous a un peu noyé en confusion à son écoute. Long, trop long, trop de notes monsieur Mozarillon!Largement ponctué d'applaudissements de hourras et de holas (ho, las!), ce flot de mots stylisé fait flop à mes oreilles profanes. C'est joli, mais c'est joli. Se maintenir au pouvoir avec de tristes effets d'annonce semble être malheureusement le principal moteur de tout ce verbiage. La taxe sur l'édition par exemple permet de visualiser l'ouverture dominicale des nouvelles bibliothèques! Entonnant quelques cocoricos franchouillards, notre ministre aborde des sujets "républicains", le rayonnement de notre pensée (!), la brillance de nos jeunes talents pleins d'espérance. Ici, gouverner, c'est se faire croire...refaire le monde entre copains de l'assemblée, quelle illusion devant les dangers du monde actuel! La confiance des débuts semble s'estomper devant un scepticisme croissant. Des mots-clés comme terrorisme, chômage, plein emploi,recherche fondamentale, mesures de redressement nous conforte dans une appréciation de l'étatisme jacobin, l'esprit de Gavroche, d'Hugo, etc, quelle vanité. Et pourquoi pas Coluche? Allez c'est pour votre bien, mais il semble que cette nouvelle équipe hybridée, cette hydre (hydre-hybride, c'est du turc?), se voit pousser de nouvelles grosses têtes. Ce trop plein d'idées sonne le glas de la croissance positive, allant dans le sens des intérêts des français, abattus de taxes et de fiscalité dilapidatoire. Dépenses de l'état? Pas de chiffres! Dette publique? Pas de chiffres! Laissons donc un peu reposer la pâte, car c'est au pied du colis que l'on voit le maçon.Le tout est de savoir quel mur ils vont dresser entre leur instinct de survie et la population. PMS.
Rédigé par : minvielle | mercredi 04 juil 2007 à 13:59
Il est difficile de statuer d’emblée sur l’opportunité ou non des projets gouvernementaux et encore moins sur l’efficacité ou non d’une action à peine lancée. Ce qui est plus aisée à constater est la prudence avec laquelle l’exécutif commence à les mettre en œuvre : « ouverture », communications, consultations des « partenaires sociaux », missions, rapports… Avant d’affronter les corporatismes et les innombrables agents d’inertie qui abîment notre pays – et il y aura nécessairement affrontement, car la droite est condamnée à mettre en oeuvre le programme promis, et les obstacles ne manqueront pas –, celle-ci cherche en effet, sans se renier, à s’acheter à l’avance une conduite pour mettre ensuite le peuple à témoin.
L’élection de l’actuel chef de l’Etat doit beaucoup au volontarisme politique qu’il a remis à l’honneur. Sans compter sa réélection, s’il veut maintenir un minimum de confiance de la population dans les élus et s’il veut enrayer le déclin économique et politique français comme il s’est promis de le faire, M. Sarkozy, à défaut de recueillir notre satisfaction sur les résultats qu’il aura obtenus, se gardera bien de nous décevoir sur les moyens employés. A cet égard, le temps long de la politique requiert raisonnablement que l’on ne juge pas l’actuel président sur les premiers fruits de son action avant un délai minimum de trois ans.
S’agissant de la réduction du déficit budgétaire et de la dette publique, elle est bien sûr un des objectifs essentiels du gouvernement. Mais, comme M. Bush aux Etats-Unis d’Amérique, par exemple, MM. Sarkozy et Fillon ne veulent pas mettre la charrue avant les bœufs, c’est-à-dire qu’ils ne veulent pas étouffer la croissance économique, qu’ils souhaitent amplifier et « renouveler », en donnant la priorité absolue à cette réduction, d’autant plus qu’un plan de diminution de la pression fiscale sera discuté au Parlement, au plus tard pour l’année 2008. Le raisonnement est de type relativement keynésien, mais encore une fois la France revient de loin. Il s’agit d’abord de relever le malade, avant de recommencer à le faire travailler.
Quoi qu’il en soit, ne nous réduisons pas à la fausse alternative qui nous laisserait choisir seulement entre l’obligation de fidélité totale à nos idéaux propres faite aux hommes de l’Etat, d’ailleurs intraduisibles collectivement sans compromis, et le chaos. Représentons-nous bien que si M. Sarkozy renonçait à la rupture ou échouait à la réaliser, non seulement plus personne n’osera plus dire, pen-dant - des - dé-cen-nies, la vérité sur l’état de la France et les voies du redressement, mais le déclin deviendra tout simplement intangible. Il ne faudra alors pas croire que des personnalités plus libérales ou plus nationales que l’actuelle équipe dirigeante puissent seulement arriver au pouvoir. Il n’y a évidemment même pas lieu de parler des intentions impardonnablement démagogiques et néfastes de la gauche, qu’elle soit étatiste, léniniste ou trotskiste. Il y va de la survie de la France et de son honneur, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.
Constantin DUCOLIN, Paris.
Rédigé par : Constantin DUCOLIN | mercredi 04 juil 2007 à 22:47
Tout ceux ayant voté par l'abominable sarkozy (notez l'absence de majuscule...) vont comprendre que celui-ci n'est qu'un microbe du léviathan...l'état. Ce dernier de part son code génétique syphonne années après années toutes les ressources de son hôte même si cela les condamnent tous les deux à morts à terme et même si pendant quelque temps des excès peuvent lui imposer un régime temporaire (Canada, Nouvelle-Zélande voire Suède...).
Cependant il serait bien futile de croire un seul instant qu'en france (nouvelle minuscule volontaire) qu'une tendance si lourde puisse être inversée à l'aube de la déferlante des retraites et des cotisations santé...
Le remède préconisé par l 'intelligentsia sera la même que celle pratiquée ailleurs en europe ou aux usa : l'immigration afin de soutenir les secteurs bénis des gouvernements du monde occidental à savoir le commerce de détail et l'immobilier.
Ceux qui y ont esperé ne serait-ce qu'une heure que ces gens qui ont été "élus" changeront quoi que ce soit à la trajectoire prise il y a des décennies sont au mieux des rêveurs ou des idéalistes, au pire...
sarkozy dès l'année prochaine aura repris ce qu'il a rendu cette année en utilisant quelques cessions d'actifs pour colmater les fuites...
Par une sorte de bénédiction, les prix de l'énergie s'enflamme conférant ainsi une incroyable rente de situation, bien plus importante encore que celle de l'arabie saoudite, aux gouvernemets français via les taxes et l 'inflation de certains produits et marchandises ainsi que via les gains en capitaux sur edf et areva.
Non rien, rien ne changera ni maintenant ni plus tard, jusqu'à ce que le couple mentionné plus haut ne décède...
Rédigé par : iswt | jeudi 05 juil 2007 à 01:52
Forcément avec 50% de diplômés supérieurs, il faudra importer des plombiers polonais ou autres.
Dans quelles branches économiques toutes ces demi tranches d'âge trouveront-elles de l'emploi ?
Au ras des pâquerettes.
Rédigé par : Marie de Paris (Centenaire) | jeudi 05 juil 2007 à 17:26
Nous y sommes : après la fête (on a gagnéééé), après l'espoir du changement, après les promesses de "rupture", voici venu les moments douloureux de la gueule de bois et des désillusions !
Pour ma part, bien conscient que l'entourage de M. Sarkozy se compose de brillants représentants de l'ENA, l'école de la Nomenklatura française, gavés d'étatisme et d'interventionisme, je me doutais bien que les choses allaient se prolonger en l'état.
De plus, d'autres échéances électorales approchent, qui tétanisent déjà les élus UMP et les figent dans un "surtout, pas de vagues !" qui augure mal d'une volonté nette de réformes...
Oh bien évidemment, il y aura bien quelques réformettes, il y aura bien quelque saupoudrage de mesurettes çà et là, mais cela ne suffira ni à satisfaire les belles promesses électorales sarkoziennes, ni à faire une vraie politique de droite, telle que l'entendent nos voisins européens.
La politique du chien crevé au fil de l'eau, scrupuleusement appliquée depuis trente ans, semble avoir encore de beaux jours devant elle.
Conclusion sartrienne : "eh bien, continuons" !
Pauvre France !
Rédigé par : Henri | samedi 07 juil 2007 à 07:39