Écoutez l'enregistrement "pot-de-caste" de cette chronique :
Il me semble douloureux de devoir rapporter au 60e anniversaire du plan Marshall de juin 1947 pour l'Europe, à la polémique biseautée que la gauche cherche à développer à propos du rapport sur la sécurité dans le département de Seine-Saint-Denis.
Le contexte des années 1940 comportait une dimension de reconstruction après des bombardements et des combats où, certes, l'ennemi a parfois fait moins de mal que l'allié. Mais le choix fondamental de l'aide américaine consistait à assortir des subsides sans doute non-négligeables à des évolutions qualitatives de la réglementation. C'est parce que ces contreparties attentaient, disaient les staliniens, à la souveraineté des États, que le gouvernement soviétique d'abord, puis l'ensemble des pays européens satellites de l'URSS ont refusé d'entrer dans la sphère de progrès et de liberté à laquelle l'Europe doit aujourd'hui une partie essentielle de sa prospérité.
Tout ne paraît rétrospectivement pas pertinent dans le plan généreux proposé aux Européens par le secrétaire d'État américain dans son discours à l'université de Harvard. On pataugeait encore dans l'influence de Keynes, aujourd'hui prisé par ces dinosaures de la pensée économique qu'on appelle bizarrement des éléphants quand ils font fonction de dirigeants du parti socialiste. Mais enfin on peut et on doit rappeler, puisque tant de bons esprits en France s'efforcent d'en effacer le souvenir que les pays qui, en 1948 ont fait le choix de l'économie de marché et de la démocratie l'ont emporté sur ceux qui ont opéré, sous la contrainte soviétique et stalinienne, le choix inverse.
L'expression de "plan Marshall pour les banlieues" sonne de manière bancale, mais je lui reconnais un mérite : nous nous trouvons en face d'une immense zone de destruction constituée de plusieurs centaines de territoires tachetant la Métropole, les uns très petits les autres très grands. Toutes ces cités ont été plus ou moins imposées à partir des années 1960, via des municipalités généralement communistes mais aussi avec les concours financiers de la Caisse des dépôts, l'intervention de technocrates parfaitement repérables et sous la gestion d'offices publics de HLM où l'on peut reconnaître sans forcer le trait la marque et même l'omniprésence du Grand-Orient de France.
On ne reconstruira pas sans balayer les décombres des forces de destruction. On ne doit pas accepter non plus un seul centime de transfert financier sans un changement structurel d'orientations aussi bien de l'urbanisme que des institutions sociales.
Il me semble facile et futile de reprocher au ministre de l'Intérieur de 2006 de n'avoir pas publié le rapport interne de son administration très inquiète à juste titre de l'évolution de l'insécurité en Seine-Saint-Denis. Que ne l'eût-on pas incendié s'il l'eût alors divulgué ? Cette polémique dérisoire permet surtout de dissimuler les vraies responsabilités. Aujourd'hui le camarade Bramy président stalinien de la Seine-Saint-Denis ose prétendre que "les communistes n'ont pas démérité" et de reprocher au département des Hauts-de-Seine sa qualité de "plus riche de France" : faut-il rappeler le caractère récent de cette situation ? Le transfert de Neuilly dans les années 1960 sous la dépendance de Nanterre pouvait prêter à interrogations lorsque fut découpée la région parisienne.
Non, nous ne reconstruirons pas les banlieues françaises sans de sérieuses contreparties politiques.
JG Malliarakis
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On parle dans les milieux sarkozistes d'un Plan Marshall pour le développement de l'Afrique francophone, afin d'atténuer les motifs d'émigration vers l'Europe.
Il faudra appliquer les critères exposés par Marshall à Havard, qui conditionnèrent l'accès aux aides américaines, et leur efficacité ultérieure : ceux de liberté, processus démocratiques, responsabilité, bonne gouvernance, et respect des normes juridiques, comme préalable à toute aide en Afrique.
Cela pose une question : l'état socialisant français s'applique t il à lui-même ces critères indispensables au développement d'une société dynamique et -à peu près- harmonieuse ?
Ce socialisme d'état à la française n'expliquerait il pas le phénomène des banlieues, tout comme le socialisme corrompu des états africains a créé le désastre africain actuel, particulièrement dans la zone d'inluence française...
Rédigé par : Pascal G. | mardi 05 juin 2007 à 10:39