Écoutez l'enregistrement "pot-de-caste" de cette chronique :
Ce matin un contretemps sans gravité m'a éloigné de ma chronique quotidienne. Et le long parcours en RER m'a permis, en lisant Le Monde de ruminer les différents sujets qui sollicitent notre attention. Depuis plusieurs jours il me semblait indispensable de mentionner l'évolution du monde, de l'Europe et de la géostratégie méditerranéenne 40 ans après le déclenchement, qui demeure mystérieux, de la Guerre des Six Jours.
La grande énigme autour de cette date du 6 juin 1967 consiste à chercher à démêler, ces temps-ci la part prise alors, en sous-main, par les Soviétiques.
Ne serait-il pas plus intéressant de s'en tenir aux faits et de constater que ce que l'armée israélienne a conquis en quelques jours, devient aujourd'hui irrémédiablement un territoire, d'ailleurs exigu, — représentant à peine un département français,— sur lequel l'ONU est en train de renoncer à établir un État palestinien. Le partage rêvé à Oslo en 1993 n'est pas plus réaliste que celui dessiné en 1947 et j'en tire pour conclusion qu'il est totalement vain de croire qu'aucun problème ne sera résolu par les Nations Unies. On le mesure au Proche Orient ni plus ni moins qu'ailleurs : on peut analyser n'importe quelle affaire dans laquelle le Machin a trempé. Je pense très explicitement au plan Kofi Annan à Chypre, qui n'a pas réussi à mettre fin à 33 ans d'occupation illégale, bien qu'aucun gouvernement dans le monde ne l'ait reconnu. Mais ce n'est qu'un exemple : je n'ai pas l'impression que l'ONU soit pour quoi que ce soit, non plus, dans la chute du mur de Berlin et dans la libération de l'Europe de l'est.
Aujourd'hui par conséquent la question peut se poser aussi dans les termes suivants : menacés par l'islamo-terrorisme les pays occidentaux et civilisés doivent-ils demander leurs mots d'ordre à une organisation dématérialisée où un milliard de Musulmans comptent pour 57 États alors que la Chine (1,31 milliard d'habitants), ou l'Inde (1,13 milliard d'habitants) comptent chacun pour une seule voix ?
La réponse consiste donc à tourner le dos aux illusions du mondialisme telles qu'on a cherché à nous les faire avaler depuis des décennies. Elles ne se révèlent pas plus sérieuses que "l'internationalisme prolétarien" d'hier, au nom duquel des centaines de millions d'hommes devaient s'aligner, s'humilier devant une bureaucratie gâteuse et perverse, passablement impérialiste pour appeler les choses par leur nom.
Cela ne m'amène pas seulement à rappeler que l'Europe mérite mieux que les sarcasmes suscités par l'eurocratie. Il ne suffit pas dire de quelle Europe on ne veut pas. Je sais que choque la partie souverainiste de mes lecteurs. Il faut aussi dire clairement quelle Europe on veut : de conception probablement moins "intégrationniste", de gestion moins "technocratique", etc. L'Europe de demain se montrera résolue à donner à sa jeunesse une perspective d'avenir dans le respect de son identité, de son Histoire et de son apport glorieux à la civilisation universelle.
Simplement il est temps d'ouvrir les yeux d'abord sur les réalités françaises. Et on me pardonnera j'espère de mettre en balance l'intérêt passionnel que suscite le Proche Orient, et le dégoût que mérite l'affaire Poncelet évoquée dans Le Monde : je m'en voudrais de diffamer Poncelet.
Je constate seulement que ce personnage président du Sénat, personne très élevée de l'État, comme Jean-Louis Debré ex-président de l'Assemblée nationale et aujourd'hui président du Conseil constitutionnel, ces gens-là respirent la médiocrité. Ils donnent de la république une image à laquelle même un royaliste de cœur éprouve quelque difficulté à s'habituer.
On m'ôtera difficilement de l'idée que cet abaissement reflète un quart de siècle de socialisme et de Chiraquie. Rompre effectivement avec cet héritage et ce personnel paraît de la sorte un impératif de crédibilité sans lequel aucun discours de politique extérieure n'a le moindre sens.
JG Malliarakis
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