Écoutez l'enregistrement "pot-de-caste" de cette chronique :
On doit le reconnaître. Nous n'ignorons certes pas l'intérêt que susciterait demain le renforcement de l'autorité du Parlement. Nous savons combien favorable à notre démocratie une telle et nécessaire évolution se révélerait. Et cependant les élections législatives à venir, ces deux prochains dimanches, paraissent bien fades en regard du débat présidentiel d'avril et mai et de leur choc frontal entre droite et gauche.
Elles se déroulent par définition en ordre dispersé au travers de 577 circonscriptions, aux situations fort dissemblables. Les jeux semblent acquis dans quelque 85 % d'entre elles. Et le plus grand danger pour la droite amènerait une majorité UMP trop large creusant encore l'écart du 6 mai.
Si le mouvement de migration de l'électorat FN, MNR et MPF vers l'UMP devait encore s'accentuer, si le recul historique de la gauche et de l'extrême gauche devait se confirmer, les cercles gouvernementaux pourraient bien, en effet, craindre un tel résultat. Voilà un bien amusant paradoxe que je laisse aux politologues professionnels le soin d'expliquer gravement.
Il me semble plus préoccupant, à vrai dire, d'observer le décalage entre le pouvoir culturel et le pouvoir politique. La droite politique trouve parfois quelques motivations tactiques à s'en satisfaire, sans se rendre compte, par exemple de l'intoxication gauchisante de ses propres médiats.
Il y a bientôt 30 ans, en 1978, "Le Figaro Magazine", apparaissait comme une sorte de journal de la reconquête culturelle. Comblant un besoin déjà criant, le succès éditorial du projet de Louis Pauwels se révéla vite considérable. Violemment attaqué par la gauche, désigné dans "Le Canard enchaîné" sous l'anagramme délicate "Le Gai Fromage nazi", il allait reculer sans courage, et après l'avoir lu avec plaisir pendant des années, on n'y trouve plus guère majoritairement qu'un ronron conventionnel submergeant les dernières rubriques sauvables.
Ainsi le dernier numéro, daté du 2 juin 2007 s'offrait quelques opportunités d'éclairer les lecteurs sur deux ou trois questions clefs. Autant d'occasions manquées.
Passons sur les dithyrambes iconographiques (pages 55 à 61) à la Turquie kémaliste, si sympathique, si "laïque", si moderne. En 5 pages de photos, et une seule de texte, on ne trouvera pas une seule ligne pour rappeler que la victoire de Kémal procédait d'une stratégie définie par Lénine dès 1913 et précisée par Radek en 1920, celle des révolutions de l'orient.
On trouvera bien sûr une description de la situation en Colombie (page 38) où très naturellement, ou plutôt très habituellement, le président Urribe se voit présenté comme une marionnette des Nord-Américains, ayant (nous affirme-t-on) échoué sur toute la ligne, malgré un soutien démocratique sans précédent. Ne daignant pas nous rendre Mme Ingrid Betancourt le gouvernement de Bogota passe de la sorte pour le méchant du film.
Pas une ligne pour rappeler que ses ravisseurs des FARC sont communistes, que leurs méthodes sanguinaires relèvent du terrorisme et que leurs otages sont affreusement maltraités.
Tout cela relève bien entendu d'un manque de place dans un journal où la publicité pour les eaux de toilettes ne se préoccupe guère ni du voisinage des guérilleros latino-américains ni de la santé de leurs victimes.
Et puis, dira-t-on, cette désinformation, — car on voit mal quel autre mot pourrait être employé, – cela fait partie du champ politique et non culturel.
Qu'on m'autorise à dire, tout au contraire, que l'inculture des rédacteurs, des maquettistes et des dirigeants les3 laisse publier de la sorte n'importe quoi, en toute bonne conscience. Et le vide, non moins culturel des lecteurs, leur permet de l'avaler.
Point de détail que le 60e Festival de Cannes ? Voilà ce qu'on lira simplement (page 66) à propos de la Palme d'Or attribuée au cinéaste roumain Cristian Mungin. Le journal nous parle seulement "de la tragédie d'une jeune fille contrainte d'avorter dans la Roumanie communiste des années quatre-vingt" – alors que, de toute évidence, le film raconte exactement le contraire de ce scénario.
Vite, vite, passons donc à autre chose. On nous assure en couverture, et dans un grand éditorial, que les socialistes français "ne sont plus dans le coup" (pages 47 à 50). Je m'en félicite d'avance au plan politique.
Dans la sphère culturelle, en revanche, je me garderais bien de triompher trop tôt..
JG Malliarakis
Vous aimez l'Insolent ? Faites-le connaître à vos amis !
Vous avez bien raison de souligner la désinformation qui figure dans le Figaro mais comme vous le savez la plupart des journalistes et éditorialistes du Figaro sont les amis des syndicalistes du Livre qui je vous le rappelle est communiste à 100%.
De plus, le politiquement correct est tellement plus confortable que la vérité qu'il vaut mieux pour ces individus déverser des mensonges s'ils tiennent à leur place. Car ne l'oublions pas même les gens qui se disent de droite en France ne sont que des pantins de la gauche "douce". Mais tout celà vous le savez déjà et heureusement qu'il y a internet et l'Insolent et d'autres pour rétablir la vérité.
Merci encore de votre courage.
Pascal DRAY
un déçu de la république
Rédigé par : Dray Pascal | lundi 04 juin 2007 à 09:30
Pouvez-vous préciser en quoi consiste la théorie léniniste des "révolutions de l'orient" qu'aurait appliquée Mustafa Kemal Atatürk ?
Votre remarque était très intéressante mais je crains que beaucoup de gens, dont moi, ne sachent pas de quoi il s'agit.
Je pensais que Mustafa Kemal était surtout un général énergique, formé par les Allemands, nationaliste, républicain et surtout franc maçon, qui avec une main de fer avit empêché le démembrement complet de la Turquie après la chute de l'empire ottoman, et "modernisé" ce pays avec un peu les mêmes méthodes que celles employées deux siècles plus tôt par Pierre le Grand pour la Russie.
C'était sans doute une révolution, mais pas communiste. Le kémalisme m'apparaît comme une sorte de radical-socialisme à la turque, adossé à l'armée et où les imams sont des fonctionnaires d'un état d'inspiration maçonnique, comme le sont les pasteurs protestants dans le Canton de Vaud en Suisse. De là à Lénine il y a encore de la marge.
Petite réponse (provisoire...)
Bon je vous répondrai très bientôt, sous forme d'une article, sur les "révolutions de l'orient". C'est hélas plutôt la matière d'un livre.
Pour faire court, par ailleurs, ce n'est pas aux radicaux-socialistes c'est plutôt aux jacobins robespierristes qu'il faut comparer Kémal (au plan intérieur).
Rédigé par : démosthène | lundi 04 juin 2007 à 10:28
Je partage votre inquiétude concernant le décalage entre le pouvoir politique et le pouvoir culturel en général et médiatique en paticulier.
En 2002 un sondage effectué aupres des journalistes de Radio France (je crois) donnait plus de 60% d'intention de vote pour...Jospin.
Aujourd'hui on arriverait à moins de 20% d'intention de vote pour Sarko, tant il est diabolisé dans ces milieux.
Plus grave à mes yeux,les jeunes (l'avenir par definition) ne s'informe qu'à travers la télé, les journaux gratuits et internet ou il y a du bon, la preuve, et du pire.
Les forum de discussion de la presse écrite payante, sont pour la plupart, occupés par des antisarkosistes-antitouteréfomistes farouches. Je ne parle pas de l'effet ravageurs des Guignols de l'info dont le principal animateur semble avoir un compte à régler avec tout ce qui n'est pas à gauche de Fabius.
Ainsi, les dirigeants du pays, des entreprises, des médias etc, ont une orientation politique dans un sens, mais les éxécutants ont une orientation politique dans l'autre.
Que le pays n'avance pas est donc logique. Mais qu'il y ait cette situation dans les esprits cela s'apparente à de la schizophrénie
Et là en general ça se termine très mal
Rédigé par : GOURBETIAN | lundi 04 juin 2007 à 11:42
La droite a Enrico Macias comme référence culturelle. Quoi de mieux, franchement ?
Rédigé par : Simon95 | lundi 04 juin 2007 à 13:04
Je comprends. On sait que Mustafa Kemal n'était pas un tendre. Il était sans doute aussi brutal que les autres dictateurs de son époque. J'avais entendu dire qu'il y a eu beaucoup de massacres sous son règne, notamment de Grecs.
Par exemple, la famille du futur armateur Aristote Onassis - qui avait une affaire de cigarettes "turques" à Smyrne, sauf erreur - en a été victime parmi beaucoup d'autres. (Le père d'Onassis a été emprisonné et tué, la famille spoliée de ses biens et le jeune Aristote Onassis a du fuir dans une soute de bateau en partance pour l'Argentine. Avant de lever l'ancre il a encore du assister, impuissant, au massacre de la population greque de la ville.)
Ce sont des épisodes atroces, comme le génocide arménien et plus récemment la guerre en Yougoslavie. Il semblerait qu'il y ait une certaine tradition de "nettoyage ethnique" dans les Balkans et autres territoires anciennement turcs. Quand au grand conquérant grec Vénizélos, lui aussi franc maçon comme Atatürk, il avait tenté de se tailler un empire héllénique dans les décombres de l'empire ottoman. Je ne serais pas étonné que sa soldatesque n'ait eu, elle aussi, à l'occasion, la main aussi lourde que celle d'Atatürk.
De toutes façons ces personnages sont au dessus de tout soupçon, leur qualité de fils de la veuve leur assurant une imunité complète contre toute mise en cause sérieuse pour leurs crimes.
Le grand tabou dans ce genre d'affaires n'est-il pas d'abord celui là ?
Vous avez raison de le dire:les radicaux socialistes de la 3e république étaient doux en comparaison de Robespierre et Atatürk. Je maintiens quand même ma comparaison car de Robespierre à Clemenceau, Aristide Briand, Camille Cautems & Cie, et jusqu'à des types comme Raffarin aujourd'hui, il y a une continuité parfaite dans l'accomplissement de la même oeuvre, dont l'inspiration est la même que celle du kémalisme.
On est vraiment là au coeur du tabou culturel numéro un.
La révolution de 1789, inspirée par la franc maçonnerie, est en réalité la matrice de tous les totalitarisme sanglants qui ont suivi: y compris ceux généralement réputés - à tort - de droite, comme le nazisme. Il faudrait bien un jour dénoncer cette filiation et ces responsabilités dans tant de génocides.
Seulement cette vérité est interdite car ces gens ont triomphé et contrôlent, en fait, un pouvoir de coercition total sur la pensée qui aujourd'hui est tout sauf libre. Cette police de la pensée, qui n'a rien à envier à celle qu'exerça en d'autres temps le Saint Office, est apparemment impossible à mettre en cause car on a affaire à des gens déterminés à employer tous les moyens pour défendre leur hégémonie idéologique.
Ainsi vous ne croyez pas si bien dire en parlant de l'importance du "pouvoir culturel". Mais on peut douter que si un homme d'esprit comme Louis Pauwels avait pu continuer à diffuser des idées de "droite" dans le Figaro Magazine, cela aurait suffi à renverser un état de fait historique qui repose sur des siècles de travail révolutionnaire souterrain, les massacres de la terreur, et plusieurs guerres meurtrières comme celle de 14-18 sans parler du concile Vatican II et de quelques autres épisodes majeurs d'une entreprise qui donne le vertige et dont on se demande comment il faudrait faire pour la combattre.
Rédigé par : démosthène | lundi 04 juin 2007 à 14:44
Culture ?
Ha !... Si il n'y avait que le contenu du "Fig Mag" pour nous perturber sur la santé culturelle de la "Droite" "Française" …
Exemple pris au hasard : jetons un petit clin d'œil rétrospectif au "Plateau Culturel" du soir de la "Victoire" place de la Concorde :
- Faudel qui tourne depuis des années dans les circuits des mairies de gauche devant des publics enflammés brandissants des drapeaux algériens...
- Henrico et son groupe de musique "Arabo-Andalouse" ( cette référence-là, à ce moment-là, si ce n'est pas un bras d'honneur appuyé à toute une partie de l'électorat qui vient de permettre cette "Victoire" qu'est-ce qu c'est ?...)
- Mireille Mathieu / Johnny ( si ce n'est pas un pied de nez ironique et méprisant au même électorat, auquel on renvoit son reflet le plus ringard, le plus désuet, le plus "out" et "franchouillard, beauf , bidochon etc. …", qu'est-ce qu c'est ? )
- divers autres groupes "ethniques" représentant "typiques" de tous ceux qui vomissent l'électorat de la droite Nationale...
On attendait "Radio Classique" et on a eu Skyrock, on attendait Nathalie Dessay, Rameau, voire Yann Tiersen... Et on a eu la même ragougniasse qu'à la fête de l'Huma…
Et rien de tout ça n'était improvisé ni "par hasard"… C'est de la Communication pure et dure, de la sémiologie appliquée, comme tout ce que fait ce gouvernement d'ailleurs…
La Turquie ? ... Mais... Il va falloir nous y faire... Car, au train que mène le "nouveau" pouvoir, nous allons, de toutes façons, nous retrouver dans l'Europe sous domination Turque, et les "dithyrambes kémaliste" ce sera matin, midi et soir, et même au souper de minuit… A moins que nous ne devenions la "Grande Union des Républiques Islamiques Eurottomane" ?…
la Palme d'Or attribuée au cinéaste roumain Cristian Mungin ?... Et oui… D'ailleurs pour plus de précisions vos lecteurs peuvent se reporter à : http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2007/05/palme_dor_racti.html
Mais peut-être notre sympathique "nouveau" gouvernement, avec l'aide de sa jeune amie Mme Veil, va-t-il entamer la démarche de réexamen, de réflexions et de déchirantes remises en cause attendue par nombre de ses électeurs, pour tenter d'enrayer la spirale de dénatalité consécutive à l'application massive de l'IVG ?… Non?...
J'ai encore rien compris… C'est trop "Culturel" pour moi…
Cordialement
Rédigé par : williamson | lundi 04 juin 2007 à 15:29
"Ce qu'il y a de pire dans l'erreur, ce n'est pas ce qu'elle a de faux, mais ce qu'elle a de volontaire, d'aveugle et de passionné."
Joseph Joubert (Pensées, essais et maximes)
Rédigé par : Philippe JOSSELIN | lundi 04 juin 2007 à 15:51
"De leur choc frontal entre gauche et gauche"... Simple rectification.
Petite réponse :
Merci, mais l'é-lecteur avait rectifié de lui-même.
Rédigé par : Yann | lundi 04 juin 2007 à 19:07
La meilleure façon de lutter contre la désinformation du Figaro c'est de ne plus l'acheter ni le visionner sur Internet.
Rédigé par : Il n'y a plus d'abonné au numéro | lundi 04 juin 2007 à 21:15
la droite "culturelle" se manifeste , entre autre , par un certain comportement de froideur ou d'absence de chalerosité relationnelle ( ce qui n'est pas votre cas ! )
par l'habitude parallèlement et à titre individel de ne pas renvoyer l'ascenseur ;bref , par un comportement " petit bourgeois " qui rend difficile les actions d'ensemble
quand aux libertariens , s'ils vont au bout de leurs principes, peu d'action longue et soutenue aussi
peut etre s'agit-il d'une impasse idéologique ? mes propos traduisent ma consternation devant les faits , et non pas une opposition en tant que telle aux idées , bien entendu
Rédigé par : catherine | lundi 04 juin 2007 à 21:42
Peu importe le contenu du Figaro, ce journal n'a plus d'influence sur qui que ce soit en France, en dehors peut-être de quelques vieilles grand-mères cacochymes du 16ème nord ou quelques pères intégristes du 16ème sud.
Les journaux, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont toujours été des vecteurs de propagande. Il faut donc renoncer au mythe du journal parfaitement neutre.
Rédigé par : Analyste1 | lundi 04 juin 2007 à 21:49
Cher Jean-Gilles,
Rassurez-moi, vous ne lisez plus le Figaro au moins ?
Votre commentaire me fait pensez à un ami, qui, ayant été voir les "dames", se plaindrait d'y avoir attrapé "quelque chose".
Entre libéraux, gardons ce principe :
Ne jamais donner d'argent à ses ennemis.
Faites fonctionner le marché, ne lisez plus ce torche-cul, car même sans le payer, vous y verrez la réclame des annonceurs.
Le mal est fait.
Vous voulez vous informer sur vos contemporains ?
Deux idées :
- J.César, le BG
- G.Clémenceau, "Devant l'Allemagne".
L'actualité, c'est un peu comme l'Histoire :
"Bonaparte, Napoléon.
Empereur des Français
Ajaccio, 1769
Sainte-Hélène, 1821"
Tout est dit.
Rédigé par : Marc | lundi 04 juin 2007 à 22:21
Je vous trouve tous bien sévères avec Le Figaro (le quotidien, pas le magazine). Je le lis depuis plus de 40 ans et le considère comme un ami de tous les jours ; je serais vraiment désolé s'il disparaîssait car quel autre quotidien pourrais-je alors lire ?
Je ne regarde jamais les journaux télévisés des grandes chaines nationales.
En entendant ce matin sur France Inter l'ignoble Guy Carlier baver sur le courrier des lecteurs du Figaro, je me suis réjouis que ce journal existe et exaspère cet aigri malfaisant.
Je resterai donc un fidèle lecteur du Figaro, ce qui ne m'empêche d'ailleurs pas de consulter les sites internet en accord avec mes opinions et je ne pense pas avoir de leçon de clairvoyance politique à recevoir de quiconque.
Rédigé par : Saint Surge | jeudi 07 juin 2007 à 18:04