Écoutez l'enregistrement "pot-de-caste" de cette chronique :
En première page de "20 Minutes", en date du 25 mai, Mme Éva Joly magistrate apparaît en accusatrice. Elle "dénonce" l'hypothèse d'une immunité permettant à un Jacques Chirac d'échapper aux poursuites judiciaires à propos de vieilles affaires comme les HLM de la Ville de paris, comme les emplois fictifs du RPR, "mais aussi, dit-elle, son compte allégué au Japon".
Ne dissimulons pas, au départ, combien choquante et même éprouvante une telle proposition peut nous paraître au regard d'un reste de conception monarchique de l'État. Car nous demeurons encore tributaires du vieil adage selon lequel "le roi ne peut malfaire". Et nous n'oublions pas la trace de cet héritage dans l'esprit et dans la pratique de la constitution de 1958.
D'un tel point de vue nous devons d'ailleurs saluer le retour en force de la théorie du domaine réservé, sur laquelle les textes font le silence, mais dont la doctrine a toujours été affirmée par le parti gaulliste depuis ses assises de 1959. La politique extérieure n'appartenant ni à la droite ni à la gauche, son ministre nominal actuel ferait alors office de grand communicateur à l'international cependant que les décisions qui comptent seront prises de plus en plus par le président assisté de son Conseil national de sécurité.
Nous ne devons surtout pas nous méprendre, non plus, sur le rôle, sur la trace institutionnelle et sur le passif, du citoyen Chirac.
Le mesurer à l'aune des souverains d'hier le ramènerait dérisoirement à la hauteur d'un constat : chacun peut hélas découvrir, à l'affligeante lecture d'un quelconque magazine traînant dans une salle d'attente ou un salon de coiffure, la déliquescence de ces maisons royales trop consanguines, l'une après l'autre. En cela oui, les Chirac ont rejoint en une génération la triste cohorte de ces principicules d'opérette ayant sombré, après des siècles de gloire de leurs aïeux, dans l'insignifiance et la vulgarité.
S'agissant de l'État républicain, la faute de cet abaissement revient d'abord à nos derniers présidents. Mitterrand après Giscard, suivis du fatal Chirac, nous ont progressivement ramenés à la longue série de ces braves gens des IIIe et IVe républiques, de Fallières à Coty, dans lesquels une certaine France petite-bourgeoise retrouvait, comme dans un miroir, son attachante médiocrité.
L'illusion du redressement de 1958 s'est ainsi effacée, d'abandons en renoncements, égrenés comme un chapelet, en moins d'un demi-siècle de demies prospérités. Peu de chose en regard de l'Histoire, beaucoup pour un interrègne.
Chirac, plus que tout autre, s'est employé lui-même à effacer le dernier soupçon d'une empreinte davidique, et de toute notion résiduelle d'un pouvoir sacral.
Chacun a pu le mesurer en telle ou telle circonstance. Elles se comptent trop nombreuses en 12 années pour être supposées fortuites ou même involontaires. Mon souvenir personnel se fixe un peu arbitrairement, mais à peine, sur son attitude observée lors d'un entretien télévisé avec le journaliste Chain, d'une outrecuidante familiarité. Le moindre chef cuisinier en eût manifesté l'inconvenance venant d'un impertinent gâte-sauce. Chirac non.
Habité par la seule considération de lui-même et de ses promiscuités, incapable de représenter son pays, il ne saurait aujourd'hui se prévaloir du respect pour une fonction que, plus qu'aucun autre, il a foulée aux pieds.
N'oublions pas non plus le discrédit de la France, provoqué dans les autres capitales, et particulièrement dans celles des pays amis, par l'arrogance de la technocratie parisienne, en général, mais aussi, plus particulièrement encore, par l'agitation théâtrale, — et disons-le : stupide, — de la Chiraquie.
À tous égards, par conséquent, quiconque se préoccupe de la dignité de la France ne pourra recevoir sans une part d'amère satisfaction l'annonce d'une procédure visant à purger l'Hexagone des miasmes de l'héritage chiraquien.
Au nombre de ceux-ci on pourra utilement commencer, par exemple, par la réouverture du dossier des HLM de Paris.
Car le soupçon même d'une continuité dans les crapuleries financières de l'ex-parti dirigeant interdirait d'aller plus avant dans les mirifiques programmes annoncés par M. Borloo, hier ministre de l'Emploi et autres lieux, aujourd'hui chargé de l'Économie et des Finances dans le gouvernement constitué autour de François Fillon.
Si peu attirant que puisse nous paraître un Juppé, n'oublions pas non plus que, dans cette affaire, il a jusqu'ici stoïquement payé pour quelqu'un d'autre. Le temps semble donc venu de faire toute la vérité sur cette lamentable aventure.
Nous ne saurions nous en plaindre.
JG Malliarakis
Vous aimez l'Insolent ? Faites-le connaître à vos amis !
Oui il conviendrait que le dossier des HLM de Paris soit réellement instruit et débouchât sur un dossier.
Il conviendrait que TOUS les acteurs de cette sinistre organisation s'expliquent.
Encore bravo pour cet article auquel je souscris en tout point.
Vlb
Rédigé par : Victor le banni | mercredi 30 mai 2007 à 10:56
Bravo pour cette chronique; merci de nous avoir épargné la gueule de cette ordure que j'espère voir terminer ses jours dans un cul de basse fosse.
Rédigé par : Jean-Bernard Brisset | mercredi 30 mai 2007 à 11:59
De plus ces endettements prolongés sont totalement incompatibles avec la mobilité de l'emploi
Une autre question d'ordre technique : pourquoi privilégier systématiquement le dur ; le (soi-disant hors pierre de taille) très durable ; par exemple au Luxembourg se répand la mode de maisons en bois construites par l'acheteur du terrain ; cf la construction américaine conçue pour être démolie périodiquement.
Rédigé par : catherine | samedi 02 juin 2007 à 00:16