Écoutez l'enregistrement "pot-de-caste" de cette chronique :
Quelque 19 millions de Français ont voté le 6 mai 2007 pour l'adversaire de Ségolène Royal. On peut seulement déplorer, dès aujourd'hui, qu'ils n'aient pas été plus nombreux, et par conséquent plus contraignants pour leur mandataire. Et ils ne doivent en aucun cas regretter d'avoir, de la sorte, massivement manifesté leur refus de revenir à l'époque socialiste et mitterrandienne. À charge, désormais, pour leur vigilance citoyenne de faire valoir les engagements reçus.
Avant même le scrutin législatif de juin se dessinent grâce à cette victoire d'autres contours de notre vie politique : l'axe de gravité de l'opposition se déplace vers la droite. Miracle ! Séparés depuis 37 ans, les frères ennemis du radicalisme entreprennent un rapprochement. C'est dire combien tous les espoirs sont donc permis aux amateurs, – et plus encore aux professionnels – des bonnes vieilles combinaisons centre gauche. Autour de Dominique Strauss-Kahn un nouveau cours social-démocrate prépare une véritable opposition socialo-centriste. Elle se développera, sur les décombres de l'alliance socialo-communiste. Des raisons arithmétiques y contribueront : l'ensemble des candidats marxistes n'ont réuni, du PCF aux trotskistes qu'un peu moins de 9 % des voix au premier tour soit deux fois moins que les 18 % obtenus le 22 avril par François Bayrou à lui seul.
Restera donc à balayer la vieille ligne jospinienne de la "gauche plurielle" que le couple Royal-Hollande ménageait encore.
Rangeant mes dossiers de la campagne présidentielle j'archive ainsi avec satisfaction ce communiqué du 27 avril par lequel :
"Ségolène Royal a confié aujourd'hui à José Bové une mission d'étude sur la question de la mondialisation et la souveraineté alimentaire. Cette question est essentielle pour assurer l'égal accès à une alimentation de qualité à l'ensemble de la population de notre planète, sans la faire dépendre d'intérêts économiques, financiers ou politiques. Elle s'inscrit dans le cadre des propositions du Pacte présidentiel destinées à maîtriser la mondialisation et à la mettre au service des hommes."
On a donc échappé à ça. Je m'en félicite.
Mais on n'a pas entièrement échappé à la dérision Kouchner.
Dès le soir du 6 mai, sous l'effet de l'euphorie, le nouvel élu affirmait à peu de choses près qu'aucune femme battue dans le monde ne devrait plus, désormais, désespérer d'une intervention militaire de la patrie du jacobinisme. Ségolène et Cécilia n'ont plus aucune raison de se plaindre.
Depuis le 10 mai, on connaît aussi la formule "la fidélité, c'est à titre personnel. La compétence, c'est pour le gouvernement".
Est-ce donc dans cet esprit que l'appareil central de l'UMP s'apprête à parachuter tel candidat dans la 8e circonscription de Paris où il semble n'avoir jamais mis les pieds, à l'étonnement des adhérents locaux ? Très compétent et performant, muni d'un GPS et d'un plan de Ville, ce brillant avocat trouvera très vite quels sont les grands axes routiers et les bons restaurants du 12e arrondissement et de gagner le cœur de ses électeurs. Je ne puis en douter.
Au moment où nous écrivons ces lignes, Kouchner semble quant à lui bien placé, au même titre, pour détenir très prochainement le ministère des Affaires étrangères.
Le chef de l'État a choisi, en sa personne, peut-être sans s'en rendre compte, l'homme des sacs de riz pour la Somalie, et pour les caméras, en 1992. L'ancien communiste était devenu après les bombardements [humanitaires] de l'OTAN l'homme de la transition heureuse du Kossovo vers une société ethniquement purifiée, non seulement des affreux Serbes, mais aussi de toutes ces agaçantes minorités qualifiées de "bosniaques", de "roms", d'"ashkalis", de "turques", de "goranes" ou même d'"égyptiennes". Pas très catholique tout ça : heureusement Kouchner était là de 1999 à 2001 en qualité de procurateur, chef de mission de l'ONU au Kossovo, pour contempler leur éviction. Une telle compétence se verra donc récompensée par le titre de procurateur de l'ONU à Paris même.
Qui d'entre nous hésiterait à lui exprimer son sentiment, qui relève, d'abord, de la dérision ?
JG Malliarakis
Vous aimez l'Insolent ? Faites-le connaître à vos amis !
Cher monsieur Malliarakis, une seule question: pensez-vous que ce dérisoire Kouchner puisse passer la porte étroite européenne que vous décriviez si bien dans une de vos récentes libres chroniques ?
Rédigé par : jean vital | vendredi 18 mai 2007 à 10:47
C'est au contraire au Kosovo que Bernard Kouchner a montré qu'il n'était pas seulement un imposteur médiatique.
Il a présidé à une baisse décisive de la violence dans le pays, au point que la criminalité n'y est pas aujourd'hui plus élevée qu'en Europe occidentale.
Il était beaucoup plus soucieux de démocratie et d'Etat de droit que ses successeurs - ce n'est pas grâce à lui que l'obstructionnisme serbe a réussi à bloquer les privatisations, ce n'est pas lui qui maintiendrait Albin Kurti emprisonné sans jugement à Prizren pour avoir rappelé que les Kosovars ont le Droit inconditionnel d'être indépendants - et il a laissé un bon souvenir.
Le seul reproche qu'on puisse vraiment lui faire, c'est d'avoir répété un jour les mensonges d'Artemije Radoslavjlevic, Vladika de Ras et Prizren, sur l'histoire du pays :
il aurait quand même dû apprendre celle-ci avant d'accepter le poste.
Les racontars sur le "nettoyage ethnique" des non-Albanais sont des fantasmes de propagande. Seule la communauté croate -les 400 habitants de Janjevo- a disparu, les autres demeurent.
Un tiers seulement des Serbes sont partis, et à la fin des combats, pas après : parmi eux, ceux qui avaient le plus de crimes à se reprocher. Il en reste 130 000, soit 7 % de la population, dont la moitié au sud de Mitrovica ; l'impérialisme belgradois y entretient la population à l'aide de subsides, y encourage le refus de s'intégrer à la société politique, et y maintient une force paramilitaire de 6 000 hommes en violation des accords du 10 juin 1999 : c'est pour cela que la majorité des morts des 16 et 17 mars 2004 étaient albanais (en plus des trois enfants noyés dans l'Ibar).
Et, en dépit de la vague de crimes de l'été 1999, il y a toujours plus d'Albanais portés disparus que de Serbes.
Rédigé par : Hunden | vendredi 18 mai 2007 à 12:55
Les jeux étant faits ce matin, nous assistons à une curieuse répartition des tâches au sein du nouveau gouvernement. Agés de 39 à un peu plus, dirons nous, les nominés (ées) au footing quinquénnal sont censés représenter les différents aspects de notre société civile, avec d'ailleurs ses contradictions. Ces appels du pied à la gauche du show bizness semblent non pas réunir la "nouvelle" social-démocratie en opposition durable et épurée, mais marquer l'empreinte d'un nouvel axe quasi américanisé de notre paysage politique.
Il est gentil de tendre la main aux opprimés (ées) de tous les pays, mais il eût été plus convenable de tendre cette même main aux femmes et aux enfants de notre beau pays qui subissent eux aussi des injustices. Le rayonnement des valeurs républicaines françaises devrait avoir son propre écho dans notre communauté, à charge d'exemple.Les déplacements de population des territoires investis à l'est ne semblent pas peser lourd sur la moralité d'un effet d'annonce plus qu'une véritable nomination. ministérielle. Les électeurs s'interrogent. La suite de cette drôle de construction donnera sûrement assez tôt des réponses à toute personne qui a voté contre une gauche désuète et partisane, et qui a éspéré d'une "nouvelle "équipe", non dopée à l'anti-plein de trucs qu'elle se penche un peu plus sur nos intérêtes économiques et moraux. PMS.
Rédigé par : minvielle | vendredi 18 mai 2007 à 13:09
Je n'ai pas voté au 2ème tour. Pour moi, les promesses électorales des candidats sont une insulte à l'intelligence.
Car quand on commence à avoir un certain âge comme moi (50 ans) et que l'on a assisté à un certain nombre d'élections, on sait qu'une fois élu le candidat fait un bras d'honneur à ses électeurs, genre "maintenant que je suis élu, je fais ce que je veux".
Et bien évidemment, cela n'a pas manqué avec la constitution du gouvernement, où l'on peut constater avec effarement que Sarkozy a choisi Kouchner pour un poste aussi important que les Affaires étrangères. Les électeurs du Front national qui ont voté "utile" doivent l'avoir en travers de la gorge.
Et on pense au pauvre Estrosi, qui se pavanait sur l'estrade le soir de la victoire au côté de Sarkozy, fidèle d'entre les fidèles, qui ne se voit confier aucun poste (sauf erreur de ma part), alors que Kouchner rafle la mise. Si ce n'est pas du mépris de la part de Sarkozy, ça...
Rédigé par : Simon95 | vendredi 18 mai 2007 à 14:21
Les électeurs frontistes votant "utile", dont je suis, en ont vu d'autres, y compris de la part de "Pépé la sentence" lui-même.
Va pour Kouchner...
Un probable repenti, cela ne se refuse pas, et puis la Gauche produit souvent de "beaux" traitres, comme Laval, ou Mussolini.
J'attends les législatives et la (possible) non-trêve estivale pour aller, ou pas, racrocher au mur la paire de cornes que j'arbore depuis Août 1995 et le renvoi de Madelin.
Néanmoins, la nomination de Borloo à l'économie et aux "phynances" me fait craindre une date d'ouverture de la chasse aux cocus prématurée cette année.
Un renoncement de la droite cette fois-ci ne serait pas vraiment une victoire pour le "peuple de Gauche" : il verrait alors sa dernière chance d'être réformé sans violence s'envoler avec nos illusions.
Rédigé par : Marc | vendredi 18 mai 2007 à 23:10
Que signifie la nomination de Kouchner au Quai d'Orsay?
Un veritable desir d'ouverture vers les socialistes? Kouchner ,à l'ego demesuré ,n'est pas representatif des socialistes de base.
Un signe fort vers les pays sous developpés , signifiant que la France est leur seul defenseur ?
Cela limite singulierement notre politique etrangère.
Attirer le bobo (un tiers mondiste , deux tiers mondain) pour qu'il vote UMP aux legislatives?
Parceque le French Doctor passe bien et beaucoup à la télé?
Plus inquietant , Kouchner est plutot partisan de l'entrée de Turquie dans l'UE.
Je suis perplexe,quelqu'un pourra t-il m'éclairer?
Merci
Rédigé par : gourbetian | samedi 19 mai 2007 à 01:26