Surprenantes surprises

Écoutez l'enregistrement "podcast" de cette chronique :

Aujourd'hui les sondages ont théoriquement cessé de crépiter. Cependant on nous abreuve encore de prévisions plus ou moins tirées de telles études dont on se complaît, sans difficulté, à contourner l'irrégularité, tant elles semblent permettre de manipuler en partie les intentions de vote.

Quant à moi, je constate en effet que 3 blocs de souhaits, à peu près égaux à ce jour, mais destinés encore à évoluer, se partagent l'opinion. Ils représenteraient chacun, nous affirme-t-on, entre 30 et 35 % des désirs des Français.

En définitive voilà ce qui devrait, logiquement, se révéler déterminant : ceux qui souhaitent les victoires respectives de Mme Royal, de Bayrou ou de Sarkozy.

La plus forte inclination se porte paraît-il, sur Mme Royal. Je cite mes sources : il s'agit d'une dépêche de l'agence Reuters datée du 17 avril à 19 h 46 et qui figurait encore ce 18 avril au matin en toute impunité sur le site de l'hebdomadaire Le Point.

De la sorte, s'il faut absolument se ranger dans un camp une tentation très forte, pour l'adversaire du présidentialisme plébiscitaire, et cela me paraît une motivation très sérieuse, pourrait consister à "voter pour le plus bête". En 1920, pour éviter Clemenceau on a donc élu de la sorte le malheureux Paul Deschanel qui, au bout de quelques mois se retrouva sur une voie de chemin de fer en pyjama.

J'hésite donc beaucoup, des trois, à désigner de manière péremptoire lequel, ou laquelle, pourrait se voir désigner selon la même procédure. On va encore injustement me traiter de macho - d'autant que la méchanceté de Mme Royal me semble plus redoutable encore que sa sottise.

Qu'on me permette alors, en toute liberté, de deviner les capacités jusqu'ici méconnues, et de scruter les déclarations de M. Bayrou.

Un homme doté d'un aussi fort outillage auriculaire, capable d'entendre le bruit de la mer du haut de ses élégantes, et si chères, Pyrénées n'éprouvera aucune difficulté à se tenir toujours à l'écoute du peuple.

Voilà un avantage auquel personne ne restera insensible.

Xavier Bertrand, récemment encore ministre de la Santé, développe contre lui des attaques dont on appréciera la bassesse : "Il est temps, prétend sans complexe le porte-parole de Nicolas Sarkozy, que cette campagne s'arrête: François Bayrou a commencé au centre on ne sait pas où il finira à gauche". Le président de l'UDF "a commencé sa campagne au centre, la semaine dernière il était plus à gauche que le PS, puis il disait qu'on pouvait parler avec Besancenot".

Voyons M. Bertrand, seuls les imbéciles ne changent jamais d'avis : qui pourrait bien soupçonner que M. Bayrou soit du nombre.

Mystérieuse en revanche, sa certitude exprimée dépasse mon entendement limité : comment Bayrou a-t-il pu se dire "certain que le peuple français livrera une surprise lors du premier tour de l'élection présidentielle dimanche". Je ne puis esquiver devant une telle absurdité l'obligation de citer la référence de cette phrase historique : il s'agit encore d'une dépêche Reuters le 17 avril 2007 mais cette fois à 21 h 28.

En effet, si tout reste possible, comme je me tue à le considérer depuis le début de cette campagne, non seulement le dimanche 22 avril, mais encore le dimanche 6 mai, une seule chose demeurera toujours impossible, en France comme ailleurs : la perspective d'une surprise qu'on pourrait qualifier de certaine. Une surprise effectivement surprenante me paraîtrait plus logique, et peut-être même plus morale. Reste à savoir ce qu'il faudrait considérer comme plus souhaitable pour la France et pour l'Europe. Mais y songer trop ouvertement appellerait la plus noire des suspicions : j'éviterai donc de m'y exposer.

Comments

[Rédigé par : Lejosne Michel]

Pour moi la France n'a pas fini de couler. Il n'y a pas l'ombre d'un libéral en compétition il n'y a que des gauchistes plus ou moins bon teint.

[Rédigé par : Castor]

Un montage sur l'opacité des méthodes de redressement sondagières.
http://www.dailymotion.com/video/x1qspd_pipologie-sondagiere

[Rédigé par : olivier]

Votre commentaire audio de ce jour correspond à celui d'hier.