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L'absence de la politique extérieure dans le débat présidentiel contredit outrageusement le rôle constitutionnel attribué au chef de l'État. Or, elle tient à plusieurs causes. On évoquera notamment l'incompréhension coutumière du grand public. Mais on ne négligera pas non plus l'incompétence profonde des décideurs, comme celle des candidats et de leurs entourages. La preuve s'est vue administrée par Ségolène Royal : ses déplacements en Chine, au Canada et au Proche-Orient, pourtant destinés à lui conférer une réputation de prestige international, ont au contraire contribué à plomber sa campagne. Cet exemple, trop facile, peut hélas se transposer dans le camp de ses adversaires.
Cherchant ainsi, et le plus honnêtement possible, dans le texte du discours kilométrique prononcé à Strasbourg en janvier, par M. Bayrou, quelle conception il se faisait de l'Europe, sa grande originalité prétend-on, j'avoue n'y avoir rien trouvé d'autre en 17 pages, que l'évocation de la photo de Robert Schuman ornant son bureau.
On doit d'abord se représenter qu'un pays tolérant à sa tête un Chirac, depuis 12 ans, et au Quai d'Orsay la présence d'un Douste-Blazy ne peut guère trouver pire.
Je crains donc même que l'argument des allégeances extérieures, prêtées à tel ou tel petit candidat relève par définition du fantasme dans le contexte du sous-dimensionnement dans lequel la France s'est abîmée depuis 20 ou 30 ans.
Le mal vient de très loin : qu'on se souvienne, – mais qui donc, même à l'époque avait daigné relever le trait ? – du programme de politique extérieure affirmé par Georges Pompidou en 1969, par une seule et unique phrase : "je continuerai, avait révélé le petit villageois de Montboudif devenu agrégé de grammaire, la politique étrangère du général De Gaulle, de rapprochement avec nos alliés américains". Cette indication polysémique, cette virgule si opportune et ce programme sibyllin passèrent comme une lettre à la poste. Ils venaient tout de même juste après la sortie de l'OTAN signifiée en 1966, le "vive le Québec libre" prononcé en 1967, l'appel à Couve de Murville opéré au lendemain de la crise de 1968.
La première question de méthode de toute politique étrangère consiste à faire articuler des données dites "géopolitiques" et faussement qualifiées de "permanentes", et à les appliquer à une réalité mondiale essentiellement mouvante.
Continuer, de la sorte, entre 2007 et 2012, une politique étrangère imaginée dans l'Europe des années 1960, tel me semble non pas le danger, mais la certitude dans laquelle nos élites dirigeantes se préparent à nous engouffrer, alors que tout a changé dans le monde, en moins d'un demi-siècle.
Ce goût pour l'obsolescence, pire que la plus futile des adhésions aux modes les plus fugaces, cet enthousiasme pour toutes les lignes Maginot, grande idée polytechnicienne, cette fausse science ou ce cauchemar des "tessons de bouteilles plantés en rêve sur la grande muraille de Chine", voilà le premier danger encouru par la France.
Il ne vient pas de la méchanceté de l'Univers mais de la bêtise de l'Hexagone.
Osons en tirer les conséquences.
Se débarrasser du facteur décadentiel interne, remettre à l'honneur les valeurs fortes, regarder le monde avec intelligence, et par conséquent aussi avec vigilance, voilà l'urgence. Tout cela suppose d'abord, certainement, de vaincre la gauche dans toute son éclatante imbécillité parfois jubilatoire. Mais également cela impose de combattre tous les mots d'ordre tenus pour politiquement corrects, la redistribution démagogique, la repentance toujours si mal investie, l'égalitarisme à tout prix. En un mot comme en cent, cela remet avant tout en cause l'alignement de cette droite qui se croit si suprêmement intelligente quand elle copie la gauche idiote.
J'ai interrogé les candidats sur l'Afrique et particulierement le Rwanda et la position de la france sur le genocide: pas une reponse, pas un mot... ils sont nuls. Il n'y a pas de debat sur la politique exterieur car elle est indéfendable
Rédigé par : Frederic | mardi 03 avr 2007 à 20:08