Écoutez le podcast de cette chronique :
Pour un article, certes excessif publié dans Libération le 17 février 2006, MM. Poncet, l’auteur et July, alors le directeur de la publication, viennent de se voir infliger par le tribunal de Nanterre respectivement 8 000 euros et 5 000 euros d’amende. Ils devront faire publier à leurs frais un communiqué judiciaire, ce qui coûte toujours très cher. Et enfin le juge Burgaud, gravement diffamé à ce qu’il paraît, recevra de ces deux journalistes la somme coquette de 30 000 euros. Tout cela reste susceptible d’appel. Mais on peut dès maintenant mesurer la tendance.
Tout se voit donc bien rétabli. Le scandale judiciaire d’Outreau, cette affaire atroce où la mécanique répressive avait détruit la vie d’une foule d’innocents, dans laquelle un vain peuple avait pu voir, dans le meilleur des cas, la faute personnelle d’un juge trop jeune, trop esseulé, trop peu frotté aux réalités humaines, peut-être trop médiocre, doit être tenue pour la faillite d’ensemble du système tout entier. Et la machine elle-même peut désormais se permettre de faire payer au prix fort des journalistes ayant eu l’audace, ou le manque d’imagination, de comparer l’un de ses petits rouages aux bureaucrates sanglants de l’horreur totalitaire – allant jusqu'à citer le nom de Eichmann, et à profaner celui de Hannah Arendt.
Cela ne restaure pas tout à fait, je le crains, la confiance des Français, dans cette institution si efficace dans son autodéfense, dans la magistrature syndiquée, et encore moins dans l’école nationale qui la forme de manière mécaniquement monopoliste et idéologiquement socialiste.
Ayant eu l’honneur et subi l’expérience, dans ma jeunesse, de connaître les prisons de la Cinquième république pour mes activités anticommunistes, je n’éprouve guère de sympathie pour la machinerie judiciaire et très peu de goût pour les procédures, bien que je me sois toujours vu entièrement innocenté de tout délit à l’arrivée.
C’est d’ailleurs exclusivement par amitié et par solidarité envers Jean-Luc de Carbuccia, Olivier Pichon, Claude Reichman, Madame Geneviève Seguin les exclus de Radio Courtoisie, dont j’ai décidé de me retirer jusqu’à ce qu’elle retrouve sa liberté, que je me rends de ce pas au palais de justice de Paris pour suivre l’une des étapes du marathon de procédure opposant Arcole au gestionnaire de fait de cette petite antenne que Jean Ferré avait autrefois dédiée à la liberté.
Autant le dire : la phrase mécanique de l’homme “ayant confiance dans la justice de son pays” me fait sourire amèrement. Oui : amèrement. Je la laisse aux films américains. Le filtre d’un honneur médiatique et parisien filtré par la XVIIe chambre ne me satisfait guère.
Pas trop d’illusion en général sur la justice des hommes… Je préfère tenir pour la meilleure “preuve” de l’existence de Dieu, l’idée si forte de René Bazin : "Je crois à la justice [celle de Dieu] parce que je ne l’ai jamais rencontrée [chez les hommes].”
Jaurès, en un temps où le laïcisme n’avait pas encore arraché le crucifix des tribunaux français le désignait pour le signe de l’erreur judiciaire par excellence.
Je n’oublie donc certes pas que nous sommes Jeudi Saint.
Permettez-moi d’espérer en une justice supérieure à celle des administrations et des réseaux de pouvoir que nous nommons des États.
Dure, dure pour Serge July....
Rédigé par : olivier | vendredi 06 avr 2007 à 10:29
Bonjour,
Pouvez-vous expliciter comment la censure s'est manifestée à radio courtoisie puisque vous y faîtes référence dans cette chronique.
Merci,
Slts,
Rédigé par : iswt | vendredi 06 avr 2007 à 14:46