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vendredi 16 mar 2007

Commentaires

Lesdiguières

Comme toujours, votre analyse est d'un grand intérêt. Pour ma part, je viens respirer quotidiennement vos textes comme un oxygène nécessaire aux réflexions que suscite l'actualité. La qualité et la pertinence de vos commentaires me réduisent comme toujours à la paraphrase.

Aujourd'hui, l'évocation de la disparition de Mme Lucie AUBRAC me rappelle un souvenir de collège, assez symptomatique de l'embrigadement des jeunes esprits autour du mausolée de granit érigé par le régime, en l'honneur des héros de la Seconde Guerre mondiale.

Nous sommes en 1987. Le procès BARBIE bat son plein. Un hasard ridicule m'a enfouit depuis deux ans dans un "collège privé d'enseignement catholique" de province. Là, sévit un bataillon de vieilles institutrices à chignons obéissant à deux ou trois religieuses à la mine chafouine, qui ont perdu voiles et cornettes dans le tourbillon de la révolution conciliaire. Le corps enseignant s'y veut résolument moderne. On ne fait pas qu'y enseigner. On prétend y préparer à vivre. Alors, on parle de civisme, d'actualité et même de sexualité (avec de telles circonlocutions qu'on pourrait se croire plongé dans un roman de Julien GREEN). Tous ce fatras est présenté durant de "libres discussions", auxquelles une heure d'enseignement est consacrée toutes les semaines. Chaque thème de discussion est relié à l'une des disciplines enseignées. Ainsi, le thème de la sexualité fait écho aux développements du cours de biologie.

Assommés par d'indémêlables histoires d'ovocytes, nous accueillons avec soulagement l'irruption d'un débat sur le procès BARBIE, qui met fin à l'exploration fastidieuse du sombre labyrinthe de la reproduction. La directrice et les professeurs d'histoire et de français viennent nous entretenir ainsi de la chronique judiciaire, et nous éveiller aux "questions sous-jacentes" posées par ce procès. Ces deux enseignantes sont aussitôt mobilisées pour "adapter" leurs cours respectifs. Il n'est plus question d'errer dans quelque abstraction littéraire ou historique, quand un événement judiciaire aussi important va sans nul doute révéler l'ignominie dont la France s'est rendue coupable au cours du second conflit mondial. Il est donc décrété qu'à compter de ce jour, nous étudierions une œuvre appropriée. Nous lirions et analyserions l'ouvrage de Mme Lucie AUBRAC, intitulé "Ils partirons dans l'ivresse".

Par instinct, ces bêlements unanimistes me parurent suspects. Non que la personnalité de BARBIE, petit fonctionnaire sadique et malfaisant (comme savent en produire tous les régimes totalitaires), ne m'inspirât quelque pitié, mais ces héros de carton-pâte s'érigeaient de manière trop absolue, trop parfaite, trop officielle, pour susciter mon admiration spontanée. Il me déplaisait d'être engagé par autrui à admirer tel ou tel personnage parce que c'était comme ça, parce qu'on décidait que ces gens-là représentaient le bien absolu, et que tous les autres incarnaient le mal absolu, et parce que si je n'éprouvais pas moi aussi ces sentiments, j'étais un salaud ; un salaud aussi absolu que tous ceux qui avaient permis que BARBIE puisse opérer. Ce manichéisme, dispensé comme un embrigadement, me fit horreur.

J'entendais l'appel du troupeau, mais quelque chose en moi y résistait. Je devinai plus tard que cette petite voix intérieure s'appelait l'esprit critique. Et je n'ai jamais regretté d'y avoir obéie. J'ai élargi la sphère des lectures que l'on nous "conseillait" alors (et qui correspondaient toutes à une vision unique de cette période), et je me suis enhardi à lire les auteurs maudits dont on ne trouvait les ouvrages qu'avec beaucoup de peine. Cette difficulté à se procurer des livres dans un pays qui proclamait son amour de la liberté m'étonna d'abord. Tout s'expliqua ensuite. Je dois signaler que parmi toutes ces lectures, les livres de l'Amiral AUPHAN me permirent de rétablir un certain équilibre, et me sauvèrent sur ce point de l'asphyxie intellectuelle que provoque un enseignement manichéen.

"Ils partiront dans l'ivresse" a donc été le réveille-matin de mon esprit critique, qui s'efforce aujourd'hui encore, avec plus ou moins de succès, de dégager une lueur de vérité de l'épais brouillard artificiel qui flotte au dessus de notre pays.


Lesdiguières


P.S : Il faut saluer toutes les "petites" maisons d'édition (dont les éditions du Trident) qui oeuvrent à la publication d'ouvrages devenus introuvables et qui constituent de véritables armes contre la pensée unique.

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