Ecoutez le podcast de cette chronique :
Il court depuis quelques jours une rumeur assez persistante pour devenir une information.
À ce point que même France Inter ce 14 mars a cru en pouvoir répercuter l'annonce, invraisemblable jusqu'ici.
La gauche caviar commencerait désormais de manière sérieuse officielle et sans vaine dissimulation, à miser sur Bayrou, tant Ségolène, jour après jour se révèle nulle, ou pour ne pas nous monter trop injuste, au-dessous de la fonction de chef d'État, à laquelle présidente de la région Poitou-Charentes elle postule au nom, et avec l'investiture du parti socialiste.
Le jour même où France inter le faisait comprendre à ses millions d'auditeurs, Le Canard enchaîné par son gros titre de première page, dénonçait un danger dont on ne s'était pas rendu compte jusque-là, celui du national sarkozysme.
On ne fait pas dans la dentelle à la rédaction de ce qui se voulait autrefois un journal satirique. Bien évidemment ce message à peine subliminal vient ici confirmer le grand argument entendu depuis des moi contre l'actuel candidat de l'UMP, encore ministre de l'Intérieur. On entre dans la fameuse reductio-ad-hitlerum.
Comme le soulignait Vladimir Volkoff, auquel dois-je le rappeler nous devons aussi la découverte en occident du concept de désinformation comme arme de guerre inventée par les bureaux du KGB, la règle de ce jeu pervers consiste à poser intangiblement, plus de 60 ans encore après la mort de Mussolini : "premier qui dit fasciste à l'autre a gagné !"
Entre ces deux découvertes je me demande s'il ne faut pas établir un lien : en réalité nous connaissons la réponse.
Oui la reductio ad hitlerum des uns et la désinformation des autres forment une seule et même stratégie, plus de 15 ans après l'effondrement de l'Union soviétique elle fonctionne encore. Et la chose opère prioritairement en France.
J'ignore si notre nationalisme peut en tirer gloriole, au moins devons nous en prendre conscience.
Oh j'aurais pu saluer en même temps la disparition de Mme Lucie Aubrac, regrettée car regrettable. On nous assure qu'elle mérite un salut unanime : et, en effet, avoir appliqué avec autant de méthode et de constance les consignes de l'appareil communiste, aussi bien acharné à ne pas soutenir la participation aux maquis des réfractaires du STO, car telle n'a cessé de se manifester la tâche de noyautage des administrations publiques imposée à la résistance intérieure à l'exclusion de tout véritable rôle, de tout engagement militaire, avoir contribué à une vaste opération de liquidation des alliés véritablement antifascistes, que le parti s'était attachés pendant la guerre d'Espagne, y compris Jean Moulin avoir servi cette ligne fluctuante d'un parti aux ordres de Staline y compris lorsque l'alliance hitléro-stalinienne aboutissait entre 1939 et 1941 à se partager l'Europe orientale sur une ligne qui se trouvera confirmée par les accords de Yalta au profit du totalitarisme soviétique voila bien une constance de ce fameux couple Aubrac dont l'admiration relève bien de l'exercice imposé au nom de l'unanimisme.
Je me demande simplement si cet unanimisme lui-même ne représente pas la face molle des mots d'ordre communistes appelés aujourd'hui politiquement corrects.
Tant que la France se condamnera elle-même aux querelles et aux consignes des anciens serviteurs du système rouge elle demeurera captive de leurs erreurs et complaisante vis-à-vis de leurs crimes.
Dans ce cadre réaffirmé, le pauvre Bayrou va donc nous être présenté comme le nouveau rempart contre l'inoxydable menace fasciste ! Comparée à l'extravagance même dans la dénonciation de ce danger, l'improbable efficacité du remède proposé me semble véritablement l'emporter en dérision !
Bayrou recevant discrètement le soutien des éléphants du parti socialiste, préparant tel Strauss-Kahn une alliance socialo-centriste, annoncée pendant 25 ans par la Mitterandie, voilà une confirmation de ce que nous pressentions au début de la campagne : tout paraît redevenir possible, le meilleur comme le pire, et peut-être même le moins mauvais, et pire encore le plus que médiocre.
Le redressement de Ségolène Royal lui aussi ne doit pas se voir entièrement écarté. La leçon à retenir cependant nous confirme que les crocodiles du marigot socialiste n'ont pas perdu leurs crocs, ils sauront trouver d'autres compères, s'abriter derrière d'autres cache-misère, se repaître d'autres formules.
La gauche caviar miserait-elle sur Bayrou ? Elle conservere de toutes manières deux fers aux feux. Nous devons la considérer en tout état de cause comme une menace permanente.
Ce bulletin est désormais consultable dans le site de nos archives à l'adresse
Comme toujours, votre analyse est d'un grand intérêt. Pour ma part, je viens respirer quotidiennement vos textes comme un oxygène nécessaire aux réflexions que suscite l'actualité. La qualité et la pertinence de vos commentaires me réduisent comme toujours à la paraphrase.
Aujourd'hui, l'évocation de la disparition de Mme Lucie AUBRAC me rappelle un souvenir de collège, assez symptomatique de l'embrigadement des jeunes esprits autour du mausolée de granit érigé par le régime, en l'honneur des héros de la Seconde Guerre mondiale.
Nous sommes en 1987. Le procès BARBIE bat son plein. Un hasard ridicule m'a enfouit depuis deux ans dans un "collège privé d'enseignement catholique" de province. Là, sévit un bataillon de vieilles institutrices à chignons obéissant à deux ou trois religieuses à la mine chafouine, qui ont perdu voiles et cornettes dans le tourbillon de la révolution conciliaire. Le corps enseignant s'y veut résolument moderne. On ne fait pas qu'y enseigner. On prétend y préparer à vivre. Alors, on parle de civisme, d'actualité et même de sexualité (avec de telles circonlocutions qu'on pourrait se croire plongé dans un roman de Julien GREEN). Tous ce fatras est présenté durant de "libres discussions", auxquelles une heure d'enseignement est consacrée toutes les semaines. Chaque thème de discussion est relié à l'une des disciplines enseignées. Ainsi, le thème de la sexualité fait écho aux développements du cours de biologie.
Assommés par d'indémêlables histoires d'ovocytes, nous accueillons avec soulagement l'irruption d'un débat sur le procès BARBIE, qui met fin à l'exploration fastidieuse du sombre labyrinthe de la reproduction. La directrice et les professeurs d'histoire et de français viennent nous entretenir ainsi de la chronique judiciaire, et nous éveiller aux "questions sous-jacentes" posées par ce procès. Ces deux enseignantes sont aussitôt mobilisées pour "adapter" leurs cours respectifs. Il n'est plus question d'errer dans quelque abstraction littéraire ou historique, quand un événement judiciaire aussi important va sans nul doute révéler l'ignominie dont la France s'est rendue coupable au cours du second conflit mondial. Il est donc décrété qu'à compter de ce jour, nous étudierions une œuvre appropriée. Nous lirions et analyserions l'ouvrage de Mme Lucie AUBRAC, intitulé "Ils partirons dans l'ivresse".
Par instinct, ces bêlements unanimistes me parurent suspects. Non que la personnalité de BARBIE, petit fonctionnaire sadique et malfaisant (comme savent en produire tous les régimes totalitaires), ne m'inspirât quelque pitié, mais ces héros de carton-pâte s'érigeaient de manière trop absolue, trop parfaite, trop officielle, pour susciter mon admiration spontanée. Il me déplaisait d'être engagé par autrui à admirer tel ou tel personnage parce que c'était comme ça, parce qu'on décidait que ces gens-là représentaient le bien absolu, et que tous les autres incarnaient le mal absolu, et parce que si je n'éprouvais pas moi aussi ces sentiments, j'étais un salaud ; un salaud aussi absolu que tous ceux qui avaient permis que BARBIE puisse opérer. Ce manichéisme, dispensé comme un embrigadement, me fit horreur.
J'entendais l'appel du troupeau, mais quelque chose en moi y résistait. Je devinai plus tard que cette petite voix intérieure s'appelait l'esprit critique. Et je n'ai jamais regretté d'y avoir obéie. J'ai élargi la sphère des lectures que l'on nous "conseillait" alors (et qui correspondaient toutes à une vision unique de cette période), et je me suis enhardi à lire les auteurs maudits dont on ne trouvait les ouvrages qu'avec beaucoup de peine. Cette difficulté à se procurer des livres dans un pays qui proclamait son amour de la liberté m'étonna d'abord. Tout s'expliqua ensuite. Je dois signaler que parmi toutes ces lectures, les livres de l'Amiral AUPHAN me permirent de rétablir un certain équilibre, et me sauvèrent sur ce point de l'asphyxie intellectuelle que provoque un enseignement manichéen.
"Ils partiront dans l'ivresse" a donc été le réveille-matin de mon esprit critique, qui s'efforce aujourd'hui encore, avec plus ou moins de succès, de dégager une lueur de vérité de l'épais brouillard artificiel qui flotte au dessus de notre pays.
Lesdiguières
P.S : Il faut saluer toutes les "petites" maisons d'édition (dont les éditions du Trident) qui oeuvrent à la publication d'ouvrages devenus introuvables et qui constituent de véritables armes contre la pensée unique.
Rédigé par : Lesdiguières | dimanche 18 mar 2007 à 22:45